top of page

L' Air de Paris

noms de Fées : leurs Pays

               Nous grandissions à l 'abri dans l' ombre que nous faisions l'un à l'autre

. .. ... et cela restait pour moi un mystère opaque et sans fond que la seule gestuelle de Tenebræ ou parfois même l'ombre rapide d'un seul de ses regards remplisse inexorablement la moindre petite parcelle de mes pensées.Tenebræ voyant d'un très mauvais oeil et comme une sorte d'affront le fait que  petite Fée Baby)💙(Lala & moi,  sans même nous être ​concertés, ayons décidé de partir ensemble voyager en Roulotte,  s'approche alors de moi si près que je sens presque les battements de son cœur contre le mien (Eh oui ! :D) : "Non mais dites donc ! Cela ne vous  gêne pas de toujours suivre partout Baby)💙(Lala comme son petit chiot et de lui transporter toutes ses casseroles ?!?!" me demande Tenebræ avec ironie me voyant charger la Roulotte. Et sans doute sa question n'avait-elle pas cette forme indéfinissable de réprobation que je crus voir pourtant. "D'abord" lui dis-je "je n'accompagne petite Fée Baby)💙(Lala que parce que c'est un voyage qui nous fait infiniment plaisir à Elle et à moi. Oui : de villes en villages nous irons montrer les fabuleux Trésors de petite Fée Baby)💙(Lala sur les marchés dans de lointaines contrées. Et ensuite : ce ne sont pas des casseroles mais de jolis faitouts très utiles qui nous serviront à préparer notre tambouille du midi et du soir et nous n'aurons hélas que très peu de temps dans chacune de nos étapes, car chaque jour sera un jour d'affluence et je ne Vous parle même pas des  samedis et  nous aurons chaque soir tous les Contes de la journée à faire. Voilà !"

         

          Tenebræ resta silencieuse et je vis passer dans le mica friable de ses yeux une teinte d'ambre si douce et inattendue que je m'empressais, la gorge nouée par un voile de regret indéfinissable et têtu, d'ajouter aussitôt : "...mais... ...Vous... ...dites moi : Vous... ...Vous ne désirez pas partir... ...n'est-ce pas ???..."

 

Je regardais Tenebræ :

Pieds nus dans l'herbe Elle était plus grande que ses deux cousines (il faut dire ici que  les 3 cousines Fées lorsqu'elles étaient enfants mangeaient souvent ensemble chacune leur soupe et Tenebræ gourmande dégourdie prenait en plus une cuillerée dans chaque assiette des deux autres !) Elle portait une longue robe noire dont le bas tout déchiqueté semblait avoir été découpé  par une paire de ciseaux mal affutée et laissait voir ses jambes pâles. Dans ses longs cheveux noirs échevelés s'étaient glissés des brins de paille et même une coccinelle. Par l'échancrure triangulaire de sa robe sa peau blanche faisait ressortir un collier d'une matière étrange au bout duquel pendait un bijou  vert d'eau luminescent en forme de serpent qui me sembla être  un Naja.

Et  n'eut été l' éclatante et envoutante beauté lunaire de son visage anguleux : sa silhouette avec un chapeau en plus, aurait ressemblé à s'y méprendre à  celle de la Sorcière de l'Ouest du Magicien  d'Oz. Mais bien plus que tout cela , en regardant  Tenebræ, j'avais devant moi l'image  bien vivante d'une  Fée d'une extraordinaire noblesse fière de ses terres ancestrales et fidèle à ses  lointaines origines paysannes

 

          L'heure de notre départ étant bientôt proche, je m'empressais de porter les dernières affaires dans notre Roulotte pendant que petite Fée Baby)💙(Lala s'occupait d'atteler petits poneys. Elle revint un instant vers moi : ". .. ...Ainsi donc vous êtes  comme moi : vous ne croyez guère au surnaturel n'est-ce pas ? C'est plutôt une bonne chose pour Nou2 Dites donc !!!" me dit petite Fée Baby)💙(Lala avec son sourire si joliment ensoleillé ~~ "Oui !" dis-je en plongeant mon regard dans ses prunelles étoilées "Le réel seul  me suffit : le Votre est si vaste..."

          Il ne restait plus que quelques malles  à ranger et nous allions pouvoir partir. Elles contenaient elles aussi d'infinis trésors. "Ho  Celles-ci sont magnifiques ! Je n'en ai jamais vu de pareilles " dis-je en montrant à petite Fée Baby)💙(Lala des petites pierres si transparentes qu'elles semblaient avoir été conçues par les seules eaux limpides et glacées de quelque mystérieux torrent sauvage inaccessible de sa si distante et nébuleuse galaxie. Et petite Fée Baby)💙(Lala toute goguenarde en déposa  3 d'entre elles dans le creux de ma main en disant : "Elles sont à vous ! Prenez les je vous en prie : C'est 3 fois rien". Émerveillé mais lucide je lui répondis "3 fois rien... 3 fois rien... Au bout du Conte cela finit par faire quand même beaucoup !  :D" car ce n'était pas la première fois, loin de là, que petite Fée Baby)💙(Lala me comblait ainsi non seulement de cadeaux extraordinaires comme ces 3 pierres mais aussi de tant et tant d'autres attentions toutes plus aimantes les unes que les autres. Petite Fée Baby)💙(Lala s'approcha alors tout près de moi et s'arrêta soudain : ses petites lèvres bleues n'étaient plus maintenant qu'à un petit millimètre des miennes : elles m'effleurèrent juste un instant seulement avant de m'embrasser pour avoir le temps de chuchoter tranquillement : "ooouuuuuiiii beaucoup de plaisir pour moi..."

          Petite Fée Baby)💙(Lala n'oublia pas aussi d'emporter aussi son petit harmonium d'Inde,  ainsi que des écharpes  des saris et même des bonnėts !  Ainsi chaque soir près de notre Roulotte à la seule lueur d'un petit feu Elle me chantera sa chanson "Baby)💙(Lala", puis quand s'éteindra son dernier mot Shanti "nous saurons très bien ce qu'il nous restera à faire n'est-ce pas ?" me dit-Elle avec sa voix délicieuse comme une ruisseau d'eau claire roulant sur des cailloux .

          Mais il était maintenant grand temps de partir : petite Fée Baby)💙(Lala alla embrasser sa cousine Tenebræ qui, tout en regardant un point vague de l'horizon, attendit ensuite que je vienne vers Elle :  "N'oubliez pas ceci surtout ~~ prenez en soin c'est fragile" me dit Tenebræ en me montrant un Grand Panier scellé qui était à ses pieds. "C'est quoi ???" dis-je en souriant par défi : "Une bombe à retardement ?!?" ~~ "Oui... ... ..En quelque sorte..."  puis Tenebræ serra mes deux mains dans les siennes en me souhaitant un beau voyage . "Ho !...  Mais vos mains sont glacées... " lui dis-je et Tenebræ d'une voix sourde volée au vent me dit juste "Ho... vous savez : ne vous croyez surtout pas obligé de m'écrire  : d'ailleurs Je ne réponds jamais" ~~ "... Bien... si Vous insistez.... C'est entendu... .. ." dis-je en montant à l'avant de la Roulotte où je pris les rênes après avoir mis à l'arrière le Grand Panier qu'Elle nous avait offert.

Or il s'avéra que bien des mois plus tard, une nuit d'automne, je reçus de  Tenebræ une lettre si décisive qu'elle bouleversera  d'un coup la direction et la teneur même de ce récit.

          Petite Fée Baby)💙(Lala grimpa à son tour et vint s'assoir à coté de moi. "Si vous ne démarrez pas : Attention à vous gentils poneys ! J'ai mon fouet !!!" lança t-Elle à l'intention des 7 poneys qui aussitôt se mirent chacun à braire gaiement, leur tête dodelinant de droite à gauche puis de gauche à droite en signe de gentil refus. Et je les compris lorsque je vis ce que petite Fée Baby)💙(Lala tenait dans sa petite main ! : Son fouet consistait en un long sucre d'orge torsadé rouge et blanc au bout duquel Elle avait attaché par un élastique rose 3 serpentins en papier, un vert, un bleu clair et un jaune citron. "Comment ?!?! C'est avec cela que Vous allez les faire avancer ?!?!?!!" m'exclamai-je et petite Fée Baby)💙(Lala me dit :" Oui... Oui... Oui ! Vous allez voir !!!..."

          Petite Fée Baby)💙(Lala fit tournoyer son fouet comme un lasso et laissa retomber les 3 serpentins dont les bouts légers et aériens vinrent frôler la croupe drue de l'un des petits poneys qui donna à ses compagnons le signe du départ. "Voyez comme tout est simple parfois !" me dit en riant  petite Fée Baby)💙(Lala.

Et notre Roulotte s'ébranla  alors au tintement étoilé de leurs grelots d'or.

          Je me retournais un instant : Tenebræ nous faisait un large signe de sa main qui petit à petit ne devint  plus qu'un point lumineux au soleil  se détachant à peine du vaste horizon  bleu du ciel. Et pourtant il me sembla l'espace d'un instant qu'Elle faisait bel et bien Elle aussi le voyage avec nous.

          Nous longeâmes pendant plus d'une heure une rivière éclaboussée de soleil, impétueuse,  tourmentée et toute bordée d'arbres dont certains en boules étaient si agités que leurs branches les plus basses nous offrirent leurs fruits mûrs en passant. Puis soudain un petit pont arqué  apparut qui  nous permit de pouvoir enfin  traverser la rivière Songe. Devant nous s'ouvrit un chemin sinueux s'enfonçant à travers champs vers  une lointaine  forêt et au martèlement pierreux des sabots succéda alors le froissement sableux crayeux et fractionnés de leurs pas lents et paresseux sous le soleil  radieux orange rouge rosé qui sommeillait déjà, tout repu de sa journée, au fin fond de l'horizon. "Et voyez... " me dit petite Fée Baby)💙(Lala "...des Aurum et hyacinthum mirabilia  nous escortent déjà !" Et en effet : volant à toute allure de chaque coté de notre Roulotte,  d'étranges créatures translucides aux ailes de libellules nous dépassaient puis revenaient foncer droit sur nous, tournoyaient autour de nos têtes pour soudainement se figer devant nous en nous dévisageant un instant puis à une vitesse fulgurante filaient rejoindre tout là haut les premières étoiles du soir puis de nouveau en une spirale vertigineuse  chutaient vers notre Roulotte et reprenaient ensuite leurs courses folles loin devant nous !

          Arrivés à l'orée de la forêt qui avait un nom : c'était l'Immense Forêt comme l'indiquait un écriteau planté de travers au bord du chemin. "Au fait  Vous devez avoir bien faim vous aussi ?" me dit petite Fée Baby)💙(Lala en entendant mon ventre gargouiller ~~ "Autant que Vous ! Très bonne idée ! Mais qu'allons nous manger ? Nous n'avons rien préparé !" dis-je en stoppant net notre roulotte. Petite Fée Baby)💙(Lala descendit dételer petits poneys qui la regardèrent avec  leurs gratitudes dodelinantes de petits poneys reconnaissants de La voir arriver avec foin et gentilles friandises à foison. Petite Fée Baby)💙(Lala vint me rejoindre dans la roulotte : "Regardez donc derrière, je crois bien que Tenebræ à penser à Nou2 en nous offrant ce Grand Panier". "Tenebræ est décidément une Fée emplie des plus touchantes attentions..." dis-je, heureux affamé essayant de faire coïncider en les superposant, tels des calques, le beau portrait neigeux de Tenebræ et l'image rebondie d'un Grand Panier garni. "Ho n'exagérez pas ! Elle nous doit bien cela autant à Vous qu'à moi !" s'empressa de corriger petite Fée Baby)💙(Lala mais en riant car Elle savait bien, au fond d'Elle même tout comme moi, combien ce que je venais de dire était  vrai. "Mais d'abord ! Voyons~voyons voir ce qu'il y a dedans !..." dit petite Fée Baby)💙(Lala en passant une langue gourmande sur ses petites lèvres bleues.

          "Ho Mais c'est bien plus qu'il nous en faut !!!" s'exclama petite Fée Baby)💙(Lala dont l'appétit était à la mesure de son petit ventre tout plat. Et je dois avouer qu'à notre belle et grande surprise s'ajoutèrent d'immenses plaisirs de découvrir, en les sortant du Grand Panier, des rhzams bleus aux framboises (ainsi donc Tenebræ s'était souvenue que je les adorais... ... alors que jamais je n'aurais pu penser qu'Elle avait porté avec autant de délicatesse une quelconque attention à moi ni  au moindre de mes plaisirs et encore moins à celui de ma gourmandise ! :D) et il y avait aussi des Br'jliss épicées et d'autres sucrées tellement difficiles  à trouver et pourtant elles étaient là devant nous sur un plateau, toutes tièdes encore dans leurs papiers multicolores distincts et transparents qui permettaient d'être sûr de bien reconnaître chacun de leurs parfums. Et aussi du vin ! Et quel vin ! un Oriak rouge des Hauts Plateaux Svääd qui allait convenir à merveille pour la succulente Vroudj croustillante et confite aux ailes d'anges et poivrons d'Espérance préparée par Tenebræ qui seule en connaît le secret de sa recette pour qu'elle soit réussie et cuisinée à merveille.

                 Et puis ... ...comme perdue dans le fond de ce Grand Panier et enveloppée à la va-vite dans un papier de bonbon tout collou tout froissé  :

                                                                                           La bague aux 3 petites serres de Tenebræ !

Parfois nous discutions jusqu'à fort tard dans la nuit : discussions où les braises orangées de notre petit feu allumaient d'ardentes et douces flammes dans nos yeux. Les Aurum et Hyacinthum Mirabilia  formèrent alors autour de notre camp  un Grand Cercle  d'un bleu incandescent montant et descendant tel un ascenseur cylindrique. Elles nous regardaient et peut-être même nous écoutaient ! :D

"Vous avez toujours vécu seule Chère petite Fée Baby)💙(Lala ?" dis-je en lui tendant un verre. "Oh... Non. J'ai bien connu un homme... qui... comment dire... oui : était vraiment charmant et... ... c'est vrai que c'est surtout ma faute ou presque : On connait si peu de choses de sa propre vie n'est-ce pas... j'ai déjà bien du mal à me supporter alors vivre avec quelqu'un... Mais ce qui m'a rassurée d'une certaine façon c'est que pour lui aussi cela devenait difficile : j'ai de beaux et bien gros défauts savez-vous !!!" Petite Fée Baby)💙(Lala me regarda droit dans les yeux avec ce sourire élargi que j'aime tant puis Elle sortit son harmonium indien de sa housse et me chanta une chanson de sa lointaine planète que j'entendis alors pour la première fois : sa mélodie avait ceci d'enchanteur qu'elle semblait à la fois être familière comme si on la connaissait depuis toujours mais elle avait aussi quelque chose de si inhabituel dans sa structure et le déroulement  de sa mélodie qu'on avait soudain l'impression, à intervalles irréguliers d'être projeté juste devant les Hautes Portes Sacrées de la Citée perdue Atlantide.

          D'autres fois, nous roulions toute la nuit sans même nous arrêter dans cette Immense Forêt qui semblait ne plus jamais finir et s'être pour ainsi dire emparée de nous pour toujours. Notre falot dérisoire éclairant à peine les bords de notre chemin. Petite Fée Baby)💙(Lala m'apprit alors que cette Immense Forêt appartenait à Moyenne Fée et faisait donc partie de ses nombreux domaines. Et petite Fée Baby)💙(Lala ajouta : " Nous en avons encore pour plusieurs heures encore avant d'en voir le bout !" Intrigué je lui dis : "Mais cette Immense Forêt n'est indiquée sur aucune carte !?!??" ~~ "Moyenne Fée n'y tient pas : Elle aime elle aussi la tranquillité !" me dit petite Fée Baby)💙(Lala  au moment où devant nous apparaissait, lumineux sous la pleine lune, un petit carrefour en étoile au milieu duquel une biche à la jolie robe fauve, immobile, nous regardait arriver et semblait même nous attendre.

"Arrêtons nous là un instant : l'un des petits poneys veut me raconter sa vie" me dit petite Fée Baby)💙(Lala. Je sautai moi aussi de la roulotte pour marcher un peu et fumer une cigarette pendant que petite Fée Baby)💙(Lala un peu plus loin, assise sur sa chaise féérique en métal et velours grenat, était en train d'écouter très attentivement petit poney. Elle prenait même des notes comme un médecin intrigué lors d'une consultation.

La Biche était toujours là, immobile, à quelques pas de moi humant l'air frais de la nuit. Elle me regardait ~~ je la regardais : j'avais le sentiment désordonné, obscur et confus de l'avoir déjà vue quelque part mais où ???... Je m'approchai d'elle lentement, elle ne bougea pas et resta à me regarder :  je me mis alors à caresser du bout de mon index son long et fin museau de haut en bas. Ses poils ras et blancs passaient et repassaient sous mon doigt et je trouvai cette sensation très agréable et pour tout dire très sensuelle ! Et je crois bien qu'elle aussi car ses grandes oreilles s'écartèrent en se dressant davantage mais elle ne se sauva pas : ses grands yeux noirs aux longs cils ne semblaient refléter que la nuit étoilée et pourtant  d'où me venait cette impression si tendre et réconfortante d'être à coté d'un être cher auquel on tient ???. Et je ne fus même pas surpris de voir se poser entre les deux oreilles de la biche un petit oiseau rose à crête bleue  : il émit 3 petites notes et la biche fit oui de la tête puis me regarda de nouveau mais cette fois-ci en baissant lentement ses paupières et d'un bond elle disparut entre les arbres.

 

          Je rejoignis petite Fée Baby)💙(Lala : Son adorable visage lumineux, ses grands yeux tout écarquillés que j'aime tant et tant firent que je courus vers Elle et avant même de lui raconter la scène que je venais de vivre,  tout heureux de la retrouver je la serrai dans mes bras, tendre petite forêt pour moi seul, et nous nous embrassâmes avec une telle fusion et notre nuit fut si merveilleuse que le souvenir même de la biche et de l'oiseau ne refirent surface que bien des jours plus tard où petite Fée Baby)💙(Lala me répondit alors seulement : "Mais ! C'était Moyenne Fée tout simplement !"

          Mais le lendemain matin ! Quel changement ! L'air était glacial et notre chemin devenant plus escarpé monta soudain. Les sapins qui nous accompagnaient jusque là se dégagèrent peu à peu, laissant leur place à des rochers couverts de neige ou de plaques de givre. Les derniers sapins retardataires nous saluèrent même au passage  et  rejoignirent, en dévalant la montagne, les autres sapins qui si loin derrière nous maintenant, nous  lançaient maintenant comme un dernier adieu. "Au fait ? Vous êtes vraiment toujours en vrac avec ma cousine Tenebræ ???" me demanda petite Fée Baby)💙(Lala en ajustant sur ma tête un bonnet à pompon identique au sien. "En vrac ????" lui dis-je  car je n'étais pas certain de bien voir ce qu'Elle voulait dire. "Ya de la friction ! Si vous préférez !" répondit petite Fée Baby)💙(Lala qui adorait, m'avait-Elle dit, les vaudevilles et les situations rocambolesques.

          "En fait c'est tout bête !" dis-je "On ne se comprend pas ! du moins pas encore. On ne parle tout simplement pas le même langage !  Ce n'est peut-être pas plus mal d'ailleurs ! :D Pourtant je Vous assure petite Fée Baby)💙(Lala que j'essaie chaque fois d'être avec Elle le plus courtois qui soit ! Mais nous dérapons aussi certaines fois Elle et moi Vous le savez bien !  :D" ~~ " Oui ! Oui ! Je sais tout cela ! Et voyez : Tenebræ vous a quand même offert sa bague aux 3 petites serres. C'est donc que ma cousine a au moins  quelque estime pour vous. En tout cas le bonnet vous va très bien ! A vous comme à moi d'ailleurs ! Et savez vous ??? Eh bien c'est Tenebræ  qui les a tricotés !"

Et petite Fée Baby)💙(Lala éclata de rire  en me voyant tout dubitatif et prudent :D en train de tâter et retâter du bout des doigts le pompon noir comme un orage au dessus de ma tête ! :D.

          "Je vais nous préparer des gaufres" me dit petite Fée Baby)💙(Lala en rentrant dans la Roulotte, Puis Elle se ravisa, revint vers moi :  m'embrassa goulûment puis, absolument convaincue, Elle ajouta : " J'en étais sûre ! Vous devez les aimer tout comme moi à la chantilly !!!".

                                                                                                               Elle ne se trompait pas.

          Et notre voyage continua, les poneys ne semblaient même pas harassés par le chemin de plus en plus caillouteux qui montait puis redescendait le long des montagnes comme le Grand 8 d'une fête foraine. Pendant que je tenais les rênes : petite Fée Baby)💙(Lala, toute emmitouflée dans une couverture de laine Shetland épaisse et rouge brodées d'étoiles de croissants de lune cousus de fils d'or, avait posé son visage contre mon épaule et mangeait par petites  bouchées sa gaufre à la chantilly et, comme j'avais déjà fini la mienne, me tendait régulièrement la sienne pour que je croque dedans et allait même jusqu'à passer ensuite sa petite langue rose sur mes lèvres encore toutes blanches de crème. Puis Elle papillonna des yeux vers moi et s'endormit toute contre moi et je ne voyais plus que le haut de son bonnet dont le pompon, au rythme régulier du souffle tiède de sa respiration, me chatouillait le menton.

          "Dites donc ! Il me semble bien que nous nous sommes perdus là... Non ???" dis-je en voyant nos 7 petits poneys s'arrêter net devant une immense masse de rochers rendue sombre par le soir qui tombait déjà. Petite Fée Baby)💙(Lala consulta la paume de sa main gauche sur laquelle Elle m'avait dit avoir inscrit au feutre rose le chemin qu'il fallait suivre. Elle resta un petit moment toute pensive puis s'écria soudain toute heureuse comme si Elle venait de découvrir le Trésor de Rackham le Rouge : "Youpiiiiiii !!! Nous sommes bel et bien enfin perdus !" puis  petite Fée Baby)💙(Lala resta immobile ravie et silencieuse à me regarder, bouche bée, ses grands yeux papillonnant rivés sur moi avec une attention à la fois grave et joueuse où se mêlaient la surprise d'être soudainement perdue et le plaisir de l'être surtout ! "Nous voilà bien !!!" dis-je puis, pris soudain d'une petite pointe de gentil soupçon je demandais à petite Fée Baby)💙(Lala : "Peut-être avez vous mal lu votre carte... Laissez moi y jeter un coup d'œil..." Et petite Fée Baby)💙(Lala continuant à battre des paupières comme un papillon et avec son plus beau sourire de Fée Souveraine me tendit sa petite main : sur sa paume était seulement inscrit : "ça doit être par là mais c'est pas sûr..." !

J 'allumai une lanterne : la petite flamme dansante de la bougie esquissait nos visages dans la nuit puis les effaçait à son gré. Nous étions seuls sur le flanc étroit tout escarpé d'une si haute montagne qu'en nous penchant depuis notre Roulotte nous n'apercevions plus que le gouffre abyssal et noir de la nuit et tout autour de nous : encore  d'autres montagnes gigantesques qui  ne laissaient deviner que leurs crêtes. Petite Fée Baby)💙(Lala se blottit dans mes bras et nous sommes restés enlacés là sans bouger à regarder le gros rocher qui barrait notre chemin.

Nous étions comme au cinéma : et par une sorte de jeu, de temps en temps petite Fée Baby)💙(Lala me disait : "Ho  ! Regardez !  la petite fissure en bas à gauche : comme elle est curieuse  ! Attendez ! Pour que vous la voyez bien je vais me coller davantage contre vous : Voilà ! C'est mieux non ? Qu'en pensez vous ?!?!?" ou encore "Quel  beau rocher tout de même ! Il me donne envie de vous embrasser !  C'est vraiment une chance qu'il soit là juste pour nous !" Puis, comme je lui disais :  "Voyez cette petite fleur là bas elle est d'un bien joli bleu et semble bien seule ne trouvez Vous pas ?!?!". "Ho  Oui ! Allez la cueillir voulez-vous ! Nous pourrions, pourquoi pas, alors en discuter tout à loisir au lit bien au chaud sous la couette dans notre Roulotte " me dit petite Fée Baby)💙(Lala qui, en plus d' avoir de bien belles suites dans les idées, savait toujours comment  et tout aussi bien me les  faire partager !  :D"

                        En une nuit tant de choses peuvent changer.

Le lendemain matin était si ensoleillé si doux que  lentement je m'extirpais du lit sans faire aucun bruit  et laissais petite Fée Baby)💙(Lala dormir pour aller nourrir gentils poneys et préparer notre petit déjeuner. Le soleil déjà si haut dans le ciel avait transformé les glaciers de ces gigantesques montagnes alentours en de fabuleux miroirs étincelants qui jetaient des halos de lumière sur les vastes vallées verdoyantes qui paraissaient maintenant si petites tout en contrebas.

         Je revins vers notre roulotte : par le petit hublot tout rond de la porte j'apercevais baigné de lumière le beau visage endormi de petite Fée Baby)💙(Lala : petite île sauvage et tendre échouée sur ses longs cheveux noirs aux boucles dénouées comme des vagues.  Et je fus tout d'un coup ébahi de voir à quel point son profil pris dans l'étau rêveur du sommeil ressemblait comme 2 gouttes d'eau à celui de sa cousine Tenebræ.

       Et si je ne l'avais jamais remarqué jusqu'à présent, c'est que petite Fée Baby)💙(Lala m'offrait sans retenue son  doux visage ensoleillé limpide et rieur qui, pour moi seul, se démultipliait constamment au fil des jours,  alors qu'au contraire, il me semblait toujours jusque là ne connaitre de Tenebræ, hélas (mais pas tant que cela en fin de Conte ! :D), que son coté lunaire froid et si lointain !

(à suivre)

*******************************************************************************************************************************************

Introduction au Royaume de petite Fée Baby)💙(Lala - L'Air de Paris
00:00 / 00:00

 Toute  première apparition de Tenebræ

Au printemps, durant ces fins d'après-midi grêlées ou noires d'orage que je passais avec  petite Fée Baby)💙(Lala, je crois bien que jamais Elle ne se douta qu'à l' enchantement d'être avec Elle s'ajoutait le plaisir divin de m'assoir sur un divan bancal dont petite Fée Baby)💙(Lala avait hérité d'une marraine Fée très éloignée et qui me donnait en m'y installant une sensation toujours neuve semblable à celle de rater une marche ! Et c'est sans doute malheureusement pour cette raison qu'une personne du nom de Tenebræ, lorsqu'Elle rendait visite à petite Fée Baby)💙(Lala, y venait toujours avec une sorte de cale en ébène qu'Elle glissait systématiquement (1) sous ce vieux divan qu'Elle détestait, avant de s'y assoir en manifestant systématiquement (2) par un silence glacial à mon égard son agacement de me voir assis dans son fauteuil bleu et mauve préféré qui m'était tout aussi systématiquement (3) réservé ! "ça commence mâle !" dit Tenebræ en piquant sur moi un regard d'aigle encore plus noir que le noir diapré de sa robe faisant ressortir la blancheur lunaire de sa peau. 

             Tenebræ, les jambes croisées, ses  deux mains elles aussi croisées autour de son genou relevé, se mit lentement à faire un large tour d'horizon de la pièce dans laquelle Elle se trouvait : prenant tour à tour la pose un moment, puis un air étonné dubitatif et sourcilleux d'y voir quelques affaires à moi  et soudain empreint d'effarement et d'ironie  à la vue de mon  vieux  pull troué  bleu ardoise qui traînait de travers sur la chaise aquatique merveilleuse de  petite Fée Baby)💙( Lala. 

         

          "Eh bien ! On peut dire que c'est... quand même... un peu... le désordre ici !... Non !?!..."  dit Tenebræ  à la cantonade  comme si Elle se trouvait seule dans ce salon et  petite Fée Baby)💙( Lala  de la cuisine,  lui répondit d'une voix joueuse et joyeuse : "Ho ! Tu sais Tenebræ...  On ne range pas tout le temps : nous avons aussi d'autres choses à faire !".

        "Je vois... je vois !..." dit Tenebræ  le regard figé sur mon pull troué !  Tenebræ incrédule semblait  redécouvrir  le salon de sa cousine  ! Alors que depuis des années pourtant  Elle ne manquait jamais d'y venir la voir au moins deux fois par semaine ! - Tenebræ plissa soudain les yeux dans ma direction et décida que le moment était sans doute venu pour Elle de faire semblant de s'intéresser à celui qui osait ainsi s'assoir avec autant de laisser-aller dans son fauteuil préféré : le fauteuil bleu et mauve  de sa cousine !!!  :D

Premiers contacts avec Tenebræ

La rue Suger - la rue Séguier

 

​​​          "Aimez vous les asperges et les fraises ?" me demanda petite Fée Baby)💙(Lala  en nouant son tablier bleu à carreaux. "oui pourquoi ?" ~~ "Tenebræ viendra déjeuner demain avec nous et elle m'a confirmé qu'elle en apportera" ~~ Nous étions si bien ensemble petite Fée Baby)💙(Lala  et moi que je n'eus aucune hésitation à lui faire part du fait qu'il n'était peut-être pas certain du tout que Tenebræ soit heureuse demain de se retrouver à devoir déjeuner avec moi et en plus de me voir goûter à ses asperges et à ses fraises  ! Cela fit rire petite Fée Baby)💙(Lala qui pensa me rassurer en me disant  : "Ho ! La la  ! On voit que vous ne la connaissez pas ! Elle sait être d'une nature vraiment charmante. Quand elle le veut : bien évidemment ! Vous verrez !".

                                                                                                                                        Et j'allais le voir en effet !.

         

          L'arrivée le lendemain de Tenebræ ne laissa d'ailleurs pas indifférent petit Rendez-Vous) 🙃 (Lala qui, dressé sur sa chaise haute, bouche bée, en laissa tomber sa petite cuillère ! Et son petit pot de Blédine vanille  en tomba lui aussi  à la renverse.

         

          Certes Tenebræ n'était pas méconnaissable, même pour moi qui ne la connaissais que depuis peu de temps seulement, mais dès qu'Elle eut offert à petit Rendez-Vous) 🙃 (Lala un énorme Geeb-Wee-Wee (sorte de peluche élastique "intelligente") qui la masquait complètement,  je ne pus que constater le contraste abyssal qu'il y avait entre la tenue de Tenebræ et la robe vichy toute simple que portait petite Fée Baby)💙(Lala sous son petit tablier de cuisine.

          Tenebræ devenue blonde avec des mèches argentées portait un tailleur jaune d'or émaillé d'astres multicolores de toutes sortes, des lunettes de soleil pyramidales bleu cobalt qui lui mangeaient littéralement le visage et ne laissaient voir que ses  lèvres  ourlées orange  fluo.

          "Je ne suis pas trop en re-taaard ???...  Je vais... Je vais donc devoir... ...me mettre en bout de table à ce que je vois !!!" dit  Tenebræ à sa cousine petite Fée Baby)💙( Lala d'une voix rauque mais veloutée dont chaque fin de phrase devenait chantante et soudain acidulée tout en regardant partout sauf dans ma direction.  "Faites comme chez Vous ! mais pas trop quand même ! :D" dis-je à Tenebræ qui haussa les épaules avec cette moue si particulière des lèvres qui me subjugua alors tout autant, sinon plus, que la toute première fois où Tenebræ l'avait esquissée pour moi quand, dans un musée et ne la connaissant pas encore, j'avais osé lui demander de se décaler légèrement pour me permettre de pouvoir,  moi aussi,  admirer un tableau de  Matisse !

                Et  depuis, dans mon souvenir, ce tableau reste toujours pour moi marqué d'un sceau d'un rouge indélébile : celui des  lèvres  de Tenebræ !

          Tenebræ  parla quelques instant avec Petite Fée Baby)💙(Lala qui préparait dans la cuisine le petit repas de  petit Rendez-Vous) 🙃 (Lala puis Elle vint dans le salon et marqua un indicible temps d'arrêt en me voyant assis dans "son fauteuil " .

                                                                                                       Tenebræ s'assit alors en diagonale sur le divan bancal.  

 

         L'obstination avec laquelle Tenebræ voulait marquer son indifférence absolue à mon égard fit que son regard, fuyant son fauteuil bleu et mauve dans lequel je me noyais littéralement, tomba par hasard sur une paire de boots en cuir multicolore que petite Fée Baby)💙(Lala avait laissée à l'entrée du salon. "Dis moi, c'est à toi ces..." Ici Tenebræ marqua un silence, non pas parce qu'Elle ne trouvait plus ses mots, mais pour  souligner par ce temps mort son évidente réprobation qu'elle accentuait avec un sourire ironique vite refermé !
            Petite Fée Baby)💙(Lala plongée dans sa cuisine, revint un instant  vers sa grande Cousine : "Ha ça ???...  Ce sont mes boots. Elles sont vraiment ravissantes n'est-ce pas ????"

​        Tenebræ s'exprimait toujours dans sa langue qui était pour le moins particulière, mais, même si je ne  la connaissais que depuis très peu de temps, j'avais constamment sur moi le bon lexique pour la déchiffrer.
Aussi je n'eus aucun mal en entendant Tenebræ dire "Rrrravissssant... humm hummm.... Rrravisssssant... pourquoi pas.... après tout !..." à traduire : Ces boots sont vraiment immondes !

 

             Par contre ce qui m'étonna c'est que Tenebræ tint ici à placer, dans l'échelle de ses impressions, son désir de paraitre bien au dessus de ses convictions profondes. Les boots de petite Fée Baby)💙(Lala étaient simples, et réellement "ravissantes". Tenebræ le savait fort bien.

             J'étais si bien dans ce fauteuil d'un bleu indien que je m'y baignais tel un ange dans le Gange et y restais pour ainsi dire sacrément avachi !  Sacrilège intolérable pour Tenebræ me sembla-t'il, aussi, pour adoucir l'atmosphère d'une conversation qui s'annonçait déjà pour le moins difficile, je demandais bêtement et sans aucun préambule à Tenebræ si, comme moi,  il lui arrivait  parfois de passer dans une petite rue que j'aimais beaucoup : la Rue Suger.  Tenebræ se mit alors à fixer un point indéfinissable du plancher pendant plusieurs minutes avec cette attention particulière qu'ont seuls celles et ceux qui ayant parfaitement entendu une question ont choisi de ne pas y répondre.  Et  juste à ce moment là Petite Fée Baby)💙( Lala  arriva  nous rejoindre et vint s'assoir près de moi sur l'un des bras de son beau fauteuil bleu et mauve dans lequel j'étais puis Elle passa une main derrière mon cou et, tout en caressant du bout des doigts ma nuque, Elle regarda surprise et amusée Tenebræ et renchérit : "Mais oui ! C'est vrai ça !... Tu adorais passer par la rue Suger pour all..." 

         Tenebræ coupa net la parole à sa cousine puis en fixant de nouveau mon pull troué  lui répondit sur un ton qui se voulait dégagé et désinvolte  : "Ho la la ! Non ! Non ! Surtout pas !!!! D'ailleurs la dernière fois que j'y suis allée c'était pour le moins... ...comment dire... ...plutôt mal fréquenté ! Dorénavant je préfère passer par la rue... Sé-guier : c'est évidemment un peu plus long mais au moins là : l' avantage est que j'y suis tranquille  !"  Tenebræ marqua ici un temps d'arrêt avec un infime regard dans ma direction  :  "En tout cas jusqu'à présent !" Cette façon qu'avait  Tenebræ  de segmenter ainsi ce nom Sé-guier en le serrant aussi fort entre ses dents m'enchantait littéralement !!! Et je faillis même lui demander si un tel détour  valait réellement le déplacement ! Mais je m'en gardais bien  car à cet instant précis  j'eus toutes les peines du monde à réprimer un fou rire à la seule pensée que peut-être  Elle puisse se douter que je passais moi aussi parfois rue Séguier !!! 

 

 

 

 

Alors que nous dégustions les délicieuses asperges offertes par Tenebræ nous fûmes dérangés par la visite inattendue sauf par Tenebræ qui ne sembla pas en être surprise du "parait-il" très célèbre marchand de tableaux Azzif Parkanti Oushnedine, dont pour ma part je n'avais jamais entendu parler, qui ressemblait à Al Capone et qui venait avec une  toile sous le bras et l'idée de pouvoir la refourguer facilement à Tenebræ à un prix exorbitant défiant toute concurrence ! Car il pensait, peut-être avec raison, que Tenebræ devait être  la proie de cette sorte de snobisme inhérent à beaucoup d'amateurs d'Art , consistant à croire que tout tableau dont personne n'a jamais voulu doit avoir forcément une grande valeur !

          Tenebræ​ se leva, prit le tableau, le posa sur une chaise puis recula de quelque pas et tout en rejetant d'un large mouvement de tête ses longs cheveux en arrière, Elle se mit à regarder en "connaisseuse avertie"  le tableau en en fixant chaque recoin : " Mais ?!?! Mais ! C'est un Grovloff de la période prune !!! N'est-ce pas Azzif ?!?! Rassure moi !!!" s'exclama t-Elle comme si Elle venait de découvrir le radium dans sa cuisine en s'adressant au marchand de tableaux qui s'empressa de faire "Oui" de la tête mais surtout en silence par crainte de voir la vente inespérée de cette chose immonde qu'il avait apportée  lui échapper à cause d'un mot malheureux  (Oui  ce sont effectivement des choses qui arrivent  parfois !) et Azzif Parkanti Oushnedine se frottait déjà les mains à l'idée d'avoir sinon réalisé l'Affaire du Siècle, au moins de s'être enfin débarrassé de ce maudit tableau !

                                                                                         Mais c'était  compter sans la vigilance prévenante de petite Fée Baby)💙( Lala.

                Tout en faisant manger petit dessert à petit Rendez-Vous) 🙃 (Lala je décidai de me pencher un peu de coté pour entrevoir à quoi pouvait bien ressembler un tableau de Grovloff mais Tenebræ interrompit aussitôt  mon élan en se tournant vers moi : "Ho ! Vous ! Je ne vous demande même pas ce que vous en pensez : vous n'y connaissez rien !!!" C'était si aimable et si gentiment dit que je ne pus que laisser à mon tour parler mon coeur : "Non : Vraiment ! Vaut mieux pas !!!  Ho ! Mais Vous devriez Vous aussi , pourquoi pas, Vous mettre à peindre !!! Qui sait si...?!?!?!! :D" dis-je d'une voix enjouée à Tenebræ dont le regard devint aussi noir que  le gros tube de gouache que j'avais en 6ème ! Réflexion d'ailleurs  tout à fait idiote de ma part car petite Fée Baby)💙(Lala m'apprit quelques mois plus tard que Tenebræ peignait aussi et que ces peintures étaient si exquises qu'on avait qu'une seule envie après les avoir vues : celle de les manger.

             Pendant que je donnais une dernière petite cuillerée de dessert à petit Rendez-Vous) 🙃 (Lala dont le sourire rayonnant reflétait   joyeusement celui de sa maman, Tenebræ qui gardait malgré tout une confiance absolue en sa cousine cadette, lui demanda son avis, qu'elle espérait aussi favorable que l'était déjà le sien. Et  petite Fée Baby)💙( Lala, avec l'adorable modestie de ses impressions qui la caractérise, répondit tranquillement en me regardant : "Moi je crois que je préfère aussi...  ...sa période... ... ... ...sans peinture". Ce qui  acheva d'abattre soudain toutes les certitudes que Tenebræ pensait avoir concernant sinon l'Art contemporain du moins la période dite "prune" de Grovloff !

             Tenebræ congédia le marchand de tableaux, s'absenta ensuite quelques instant dans une pièce voisine puis Elle revint nous rejoindre : Tenebræ était toute métamorphosée en la plus douce et souriante des Fées célestes avec dans ses mains un plein panier de fraises qui avec leurs petits feuillages formaient sur le fond jaune d'or de son tailleur une sorte de tableau succulent qui me rappela un tout autre tableau : de Chagall cette fois : "La danse" que j'étais resté à contempler toute une après-midi d'été dans la fraîcheur baptismale d'un musée d'une petite ville de province assoupie au soleil au bord de sa rivière.

          A la toute fin du repas et alors que je versais du champagne dans des coupes fines et cristallines à ses initiales, Tenebrae me demanda °°Il parait que vous appréciez l'une de mes créations  ?!?...°° tout en pinçant si vivement ma cuisse de ses 3 ongles rouges vifs acérés que je décidais par jeu de passer à l'attaque directement ! : "Ooooui... mais pfff... Bof... on ne va quand même pas en faire une montagne non plus !!!  Pas vrai ? ! ? ! ?  :D" et comme les 3 ongles de Tenebræ  se mettaient à s'enfoncer  encore davantage dans ma chair allant presque jusqu‘à se rejoindre sous ma peau. j'ajoutais en chuchotant comme un secret d'État à l'oreille de Tenebræ : "Je suis bien déçu finalement ! Vous m'aviez habitué à tellement mieux !!!!!!i  :D"

Pendant que je feuilletais un des albums de photos de petite Fée Baby)💙(Lala, tout à coup en tournant une des pages je tombais sur un portrait où Elle porte dans ses cheveux une marguerite  :  Tant et tant de beaux souvenirs refirent soudain surface de notre tout premier voyage en roulotte que nous avions fait Elle et moi et où, par une nuit glaciale, nous nous étions perdus en chemin au bord d'un précipice sur une immense et très haute montagne pour nous retrouver ensuite éperdus d'amour sous la couette dans notre roulotte. Et le lendemain matin, je m'en souviens, était si radieux, que j'avais été sans réfléchir cueillir une marguerite pour petite Fée Baby)💙(Lala qui, dès son réveil, la mit dans ses cheveux en disant avec ce beau sourire si tendre et grave à la fois qu'Elle n'a que pour moi : "C'est tout de même beaucoup plus ravissant que la bague au doigt ! Ne trouvez vous pas ?!?".

      Et depuis, chaque fois que je consulte à nouveau cet album de photos, je reviens plusieurs fois de suite juste quelques pages en arrière pour avoir le plaisir sans cesse renouvelé et mouvant de (re)découvrir cette photo qui elle seule sait mettre un sourire sur mes lèvres que je n'ai que pour elle. Elle est, ainsi, le marque-page de mon bonheur


 Tenebræ en me voyant  rêveur noyé dans mes pensées s'approcha de moi et me glissa à l'oreille : "Vous ! Tout comme moi ne sommes nous pas gouvernés par nos propres Démons ?!?!?!!" ~~ Je levai la tête vers Elle et tout en regardant ses grands yeux ombrétincelants je lui dis : "Oui... ...mais NON ! Il faut justement bien au contraire les tenir en laisse ! Et Votre ostentation à citer Faulkner Vous évite surtout d'aller aider petite Fée Baby)💙( Lala ! Allez Hop ! Au travail !"

Certes, je le reconnais,  je fus cette fois-là encore, malheureusement, de la plus parfaite mauvaise foi car je savais, depuis peu c'est vrai, que Tenebræ était toute aussi aimante et aidante avec sa cousine petite Fée Baby)💙( Lala que l'était son autre cousine Moyenne Fée avec qui d'ailleurs je devais prendre rendez-vous.

            Si il y avait bien une chose que j'adorais par dessus tout chez petite Fée Baby)💙(Lala : c'était la manière avec laquelle Elle mélangeait ses précieuses pierres comme autant d'affectueuses pensées : Chacune douce et tendre comme Son Cœur.

 

         Aussi dès que petite Fée Baby)💙(Lala le souhaitait je courais la retrouver dans sa Super Caverne et un soir, alors que je débordais d'enthousiasme devant des trésors tout neufs qu'Elle me montrait : "Je suis vraiment heureuse que tout cela vous plaise" me dit petite Fée Baby)💙(Lala  "Mais vous voyez, celui-ci par exemple. est une création absolue de Tenebrae" tout en posant dans le creux de ma main un petit objet céleste si brillant qu'il semblait me regarder ! "Tenebrae ? mais j'étais loin, très loin, de me douter qu'Elle aussi était artiste" lui dis-je sur un ton de faux reproche mêlé d'incrédulité. "Ho ! Tenebrae ne sait rien faire de ses 7 doigts alors dans ce cas là nous sommes complémentaires, elle conçoit et moi c'est facile ! : je fabrique !". Pendant que j'approchais au plus près de mes yeux cette création de Tenebrae (d'ailleurs 'créature' serait ici plus exact que 'création') je me disais que ce trésor, cet Œil CéleSte de Tenebrae en était comme sa plus parfaite émanation : à la fois son portrait stupéfiant et son miroir halluciné le plus fidèle.

         Tout en me raccompagnant jusqu'à l'entrée de sa Super Caverne petite Fée Baby)💙(Lala me dit avec gravité : "Moi à votre place je n‘irais certainement pas aux séances d'hypnose de Tenebrae à minuit dans son Parc...". Je lui demandais pourquoi et petite Fée Baby)💙(Lala préféra m'embrasser 1000  fois et  puis ajouta avec 1 baiser de plus : "D'ailleurs pour Nou2 cela n'a aucune espèce d'importance  nous le savons bien Vous et moi n'est-ce pas ?" "Oui" lui dis-je "OUI :D"

        Je suis à l'entrée du Parc de Tenebrae : il parait qu'à minuit de grandes Statues blanches y glissent au  gré de leurs fantaisies pendant que des lycaons de toutes sortes veillent sur celles restées immobiles. La grille est pour l'instant fermée par un gros cadenas dans lequel une sorte de petite planète semble pouvoir être déplacée autour d‘un axe représentant un astre avec des tas de signes étranges.  Je n'arrive pas à trouver la bonne combinaison  il me faut trouver une autre solution... ... La grille est un peu haute mais bof avec un peu d‘exercice... :D

        Ho ! Finalement cela s'est somme toute (plutôt) bien passé la nuit dernière dans le Parc de Tenebrae : nous avons pique-niqué Elle & moi dans l'herbe toute tiède encore à la tombée du jour. Festin féerique de Fée ! De temps en temps nous jetions par dessus notre épaule quelques trucs aux lycaons qui se ruaient dessus leurs crocs tout acérés en poussant de drôles de petits cris. Et c'est précisément à ce moment là que j'ai regardé avec encore plus d'attention ce sourire de Tenebrae : cette courbure si particulière de ses lèvres lorsqu'Elle m'a chanté une mélodie si étrange : "Son Air" pendant que je l'accompagnais sur le petit harmonium indien en ivoire sculpté de petite Fée Baby)💙(Lala.


         Si je connaissais par cœur la Super Caverne labyrinthique de petite Fée Baby)💙(Lala au point d'y jouer constamment avec Elle aux somnambules ( nous partions chacun d'un point complètement opposé et devions visiter les yeux bandés toutes les pièces une à une en essayant évidemment de nous éviter mais nous perdions notre pari inévitablement : nos mains toujours se touchaient et nous nous embrassions alors soulagés de nous être retrouvés l'un à l'autre ) par contre je n'avais jamais été chez Tenebrae dans son Château et c‘est bien volontiers que j'acceptais l'invitation que je reçus, glissée sous ma porte, un soir glacial d'Octobre, sous la forme d'une enveloppe d'un gris qui faisait ressortir davantage encore le cachet de cire rouge sang à son initiale : cette lettre  T  y était d'ailleurs si distordue qu'elle me sembla être un S sauvage et serpentu ! Ce qui me fit dire à haute voix : "Mais qui peut donc bien m'écrire à cette heure là ?!?!?!i  :D"

 


                                                              Je vous livre ici en la relisant la lettre que je reçus de Tenebrae :

 

°°Il paraitrait que tu as exprimé auprès de ma Chère cousine le grand regret de n'avoir jamais été invité chez moi. Cela ne t'a pas échappé pourtant que je n'apprécie que les choses qui ont du sens. Bien sûr. Mais en souvenir d'un repas que tu as aimé partager avec moi et mes lycaons dans mon Parc : J'accepte. Sois donc instamment présent à minuit serré le  5 novembre devant les grilles du Château. C'est moi qui t'ouvrirai.°°

         Et dans le fond de l'enveloppe se trouvait une petite clé en plastique mou jaune soufre dans laquelle y était glissée et enchevêtrée une mèche anthracite de ses cheveux ainsi qu'une carte avec le chemin indiqué pour accéder à son Château.

         Ce n'était certes pas la première lettre (sic) que je recevais de Tenebrae et si dans chacune de celles que j'avais déjà lues il y avait souvent des expressions propres au style d'écriture obscur et froid de Tenebrae ~ style qui pour moi la reflétait bien mal ~ telles ce "minuit serré" ou ses fameuses "choses qui ont du sens. Bien sûr.", hélas pas plus dans cette lettre que dans les précédentes, n'y était inscrite une quelconque espérance pour moi de découvrir enfin chez Elle la source vive de tant d'interrogations que son visage même suscitait chaque fois en moi. Sauf que pour la première fois avec cette nouvelle lettre était ajoutée cette petite clé toute caoutchouteuse dans laquelle s'était lovée une mèche de ses longs cheveux.

        

         Je décidais d'en parler dès le lendemain à  Moyenne Fée car je devais aller avec Elle dans Paris  choisir un cadeau de Fête pour petite Fée Baby)💙(Lala. Je n'avais pas revu Moyenne Fée depuis plusieurs semaines et je fus, comme chaque fois, charmé par sa sérénité son amabilité sans flagornerie et surtout sa gentillesse douce comme un coucher de soleil de Juin. Mais pendant que nous regardions quel cadeau pourrait faire vraiment plaisir à petite Fée Baby)💙(Lala, ce fut hélas sur un tout autre ton que Moyenne Fée me parla et que je pris comme une sorte d'avertissement : "Ne croyez pas trop en Tenebrae, ma cousine change très souvent d‘humeur et ce qui est vrai un jour se trouve démonté dès le lendemain ~~ Je vous dis cela mais je crois savoir que Baby)💙(Lala vous a déjà prévenu". Et tout à coup me revint clairement en mémoire une matinée d‘avril où petite Fée Baby)💙(Lala après m‘avoir embrassé d'une façon si exquise m‘avait effectivement mis en garde quand je lui avais dit que je m'apprêtais à déjeuner chez Tenebrae dans son Parc.

                                                        J‘avais gardé le souvenir de ses baisers et non celui de sa mise en garde !

         En traversant La-Très-Grande-Forêt pour aller chez Tenebrae je me remémorais les paroles de Moyenne Fée et celles de Petite Fée Baby)💙(Lala mais je décidais de n'en pas tenir compte  et d'ailleurs Petite Fée Baby)💙(Lala qui m‘aime et me connait ainsi mieux que moi-même savait que je n'aimais pas trop que l'on me dise ce que j'ai à faire.   Car cette invitation brillait déjà comme le moment idéal pour entrevoir et peut-être même connaitre l'univers de Tenebrae et son art aussi puisque j'avais appris par hasard en lisant une revue lors d'un voyage en train que Tenebrae était une merveilleuse dessinatrice et depuis : Petite Fée Baby)💙(Lala  m'avait dit que sa Cousine exposait parfois ses dessins ses aquarelles et ses peintures. Oui, pourquoi pas, je saurai peut-être enfin qui est vraiment Tenebrae, ce dont je doutais car Elle semblait échapper sans cesse à toute description et fondre comme le bonheur que l'on croit pourtant tenir si bien entre nos mains.

         La monumentale grille de fer forgé apparut soudain devant moi. En levant les yeux je vis la lune rouler se cacher derrière de lourds nuages qui achevèrent d'éteindre et noircir complètement l'endroit où je me trouvais. J'allumais alors d'un claquement de doigts la petite lanterne magique que m‘avait offerte Petite Fée Baby)💙(Lala qui, balayant la haute grille du Château me fit découvrir, gravée sous un immense  T   historié, tourmenté, cabalistique d'un rouge feu, la devise de Tenebrae :     

                           

                                               Qui m‘aime m'esquive  ! "                                                                                      

                                             dont le sens m'échappait complètement ! (Ah si !)

         Les froissements fugitifs en zig-zag des chauve-souris autour de moi, leurs caresses furtives imprévisibles, voilées de soie osseuse sur mes joues m'empêchaient de trouver le temps long, mais au bout d'un moment, ne voyant rien ni personne arriver, je finis par me demander si je ne m‘étais pas trompé de nuit. (menteur ! NDLR)
 

         Puis, à travers la grille, il me sembla distinguer au loin le point mobile, changeant et incandescent d'un fanal qui grandissait irrégulièrement et semblait se diriger vers l'entrée du Château. Et soudain juste derrière la grille, nimbé d'une brume blanche, le beau visage anguleux et fantomatique de Tenebrae face à moi me rassura au moins quant à l'exactitude du rendez-vous car il était minuit "serré" !. Tenebrae tenait d'une main une grande torche dont la haute flamme dansante métamorphosait constamment son visage blafard et l'arc rouge fauve de son sourire tandis que son regard d'aigle restait rivé sur moi : °°Alors ?!?!... Tu ne m'ouvres pas ?!?!?!!°° me dit Tenebrae d'une voix sépulcrale pointée d'ironie.

         J'allais répondre à Tenebrae :  "Mais je n'ai pas les c..." quand je sentis au fond de ma poche entre mes doigts la petite clé de caoutchouc mousse et sa boucle de cheveux. "Comment ?!?! ça ?!?!?!!" lui dis-je incrédule en lui montrant la clé et Tenebrae les yeux brillants tout écarquillés me fit oui de la tête. Et en effet : à peine avais-je approché la petite clé de l'énorme verrou noir tout moussu que celle-ci se raidit en grandissant jusqu'à épouser parfaitement les formes de la grosse serrure à son contact. "C'est magique !!!" m'exclamais-je au moment où Tenebrae, en écartant toutes grandes ses grilles pour me laisser entrer, ne put s'empêcher de laisser échapper un long râle d'une voix rauque dû autant à l‘effort fourni qu'au plaisir de le réaliser !

         L'amusement affectueux avec lequel petite Fée Baby)💙(Lala m'avait dit que Tenebrae ne savait rien faire de ses 7doigts m'avait évidemment conforté dans l'idée contraire que j'avais depuis longtemps déjà concernant les multiples talents de Tenebrae. Aussi je ne fus pas du tout surpris par cette sorte de curiosité qu'eut Tenebrae avec moi (curiosité non dictée par un quelconque désœuvrement poli ou les convenances les plus désuètes mais bien plutôt celle qu'ont seuls les artistes qui savent que les réponses évasives en apparence qu'ils obtiendront de leurs questions leur seront toujours bénéfiques soit comme un indice de plus dans leur vision du monde soit comme l'aide providentielle d'une sorte d'ange gardien leur donnant encore la force de continuer ou au moins celle de ne pas céder au découragement). °°Eh bien ? Où en es tu dans tes compositions ?°° me demanda Tenebrae au moment même ou une biche devant nous en deux bonds majestueux traversait l'allée. Et alors que son regard rapide croisait  le mien,  je la reconnus aussitôt : c'était
Moyenne Fée qui me faisait d‘un clin d'œil comprendre que même ici Elle assurait ma protection.

         Dans l'allée conduisant au Château, Tenebrae et moi marchions côte à côte. De grands arbres de chaque coté s‘avançaient lentement vers nous à notre approche, quelques uns nous saluaient en secouant frileusement leurs branches. Puis de nouveau le brouillard gomma de son glacis blanchâtre tout ce qui était autour de nous et je fus soudain étonné de n'entendre que Ie crissement de mes pas sur le gravier alors que Tenebrae marchait pourtant à coté de moi. Majestueuse, son visage fier mais non altier regardant droit devant, Tenebrae pieds nus semblait glisser sur l'allée sans toucher le sol. Je regardais sa longue robe noire dont les pans ondulant comme des vagues laissaient entrevoir par moment la blancheur de ses cuisses au clair de lune : Je  résistais  alors avec difficulté au seul plaisir dévorant : celui de prendre Tenebrae par la taille et de l'embrasser. Ma résistance fut de courte durée : "Tu cherches sans doute quelque chose ???..." me dit Tenebrae ~~ "Oui... ...la petite clé que Vous m'avez donnée" ~~  "Je l'ai sur moi ! Tu la veux vraiment ? Viens la prendre !!!" et j'avoue avoir mis un certain temps, plutôt long même, pour la retrouver : (lenteur quand tu nous tiens !  :D) ~~ Tenebrae l'avait (plutôt) bien cachée

         Au moment où les lycaons de Tenebrae se ruaient à notre rencontre, sautaient autour de nous et nous léchaient les mains, je lui dis que  mes compositions avançaient à leurs rythmes, s'affranchissant comme les étoiles du seul cadre de leur naissance, mais que je restais pourtant bloqué à la mesure 81 de "SblouC" car je passais tout mon temps avec petite Fée Baby)💙(Lala . Le regard de Tenebrae se brouilla et ce n'est qu'après une pause de quelques secondes que d'une voix soufflée et comme envahie de souvenirs doux et bienveillants que son coeur, soudain souriant, ne pouvait plus cacher que Tenebrae me dit : °°J'ai... ...oui  j'ai invité quelques amies qui auront à cœur, j'en suis certaine, de te faire plaisir et peut-être même sauront-elles changer tes idées en de tendres et merveilleux démons...°°.

         Jamais Tenebrae ne m'avait parlé ainsi et je me sentis soudain si heureux tel un ange pris de vertige dans un carillon d'étoiles que je sautais littéralement au cou de Tenebrae et nos baisers eurent le goût salé de nos larmes de joie.

       

         "Mais.... Tenebrae ...aurai-je seulement un peu de temps pour pouvoir enfin contempler seul et sans être dérangé Vos créations et aussi Vos envoûtants portraits ????" ~~ "Mais oui !!!!!! .... !  .... et regarde ! : nous sommes arrivés !"

                                                                                         Mes pensées s'évanouirent soudain :                                        

                                                    Sa main glacée vint se réchauffer dans la mienne et mon coeur dans le sien.

        

           °°Entrons par là !!!°° me dit Tenebrae en me montrant le premier étage où de larges balcons inondés de lumière et de musique par de hautes portes fenêtres entr'ouvertes nous tendaient leurs terrasses. Tenebrae s'adossa alors à une porte toute recouverte de lierre ressemblant à celles des cachots du Moyen-Âge pour me faire Ia courte échelle. En m'aidant du linteau ovale au dessus de la porte je réussis sans difficulté à accéder à l'un des balcons.

                                Puis en me penchant je hissais Tenebrae qui malgré qu'Elle soit Fée pèse quand même son poids ! :D

                          °° Chuuuuuttttt !!!!!!! °° me fit Tenebrae en plaquant comme un aveu la paume de sa main sur ma bouche !

                                                                                   Quel bonheur soudain d'être muet !  :D

         Ce furent aux cris de "Voilà Tenebrae ! Notre lmpériale Fée ! Enfin Tenebrae ! Nos voeux sont exaucés !" chantés comme une comptine atonale par 7 petits nains faisant la ronde autour de nous comme dans les "Visiteurs du soir" sur une musique que je reconnus comme étant celle du  largo du double concerto pour 2 orchestres à cordes de Martinu que Tenebrae et moi nous pénétrâmes dans une Grande Salle où les invités me regardèrent comme un intrus mais sans trop le montrer pour ne pas déplaire à Tenebrae dont ils avaient, me sembla-t-il, une peur bleue allant pour certains d'entre eux jusqu'à l'effroi, mêlée de jalousie de gratitude de flatterie. Mais surtout : quelle surprise pour moi que cette grande salle dont j'avais tant et tant de fois imaginé les formes et les couleurs auparavant comme ne pouvant ressembler qu‘à un décors baroque tendu de vieil or, vert malachite et rouge cramoisi digne des Dracula de la Hammer Films et que mes yeux découvrirent soulagés de la voir toute claire et peu meublée.

L'air du temps y circulait partout si léger dans cette Salle qu'elle semblait celle rêvée azurée et ensoleillée du Printemps en Fête.                                               

                                                                                                 

(à suivre)

L Invitation de Tenebrae

                                                                                     Ce qui était vrai : PariS est tout petit

          Pendant que Petite Fée Baby)💙( Lala était retournée dans la cuisine pour chercher petit Rendez-Vous) 🙃 (Lala , j'en profitais pour demander  à Tenebræ si par hasard Elle savait qui était le papa de cet enfant car j'étais surpris de ne l'avoir encore jamais vu jusqu'à présent  au cours  de mes visites chez petite Fée Baby)💙( Lala  mais Tenebræ se contenta une fois de plus de hausser les épaules  : "Et... ...Vous ne le savez toujours pas ???... ... j'en suis navrée pour vous croyez le bien ! Mais  ne comptez surtout pas sur moi pour vous l'apprendre !!!" ~~ "Ho ! Juste une question encore ! Pourquoi, oui pourquoi Vous appelez vous Tenebra ???" ~~ "D'abord sachez que mon nom est Tenebræ et non pas Tenebra ! Et d'ailleurs je ne vois pas pourquoi je devrais me donner la peine, serait-ce même un plaisir... ... ...d'expliquer quoi que ce soit à quelqu'un comme vous qui n'avez absolument aucune espèce d'érudition ni même un semblant de connaissances hé-ral-di-ques ou que sais-je encore, une quelconque  notion de ce qu'est un Rang, une Coutume, un Ordre ! ! !".

          Bon c'est vrai  !  J'avoue !  Oui ! Je savais pourtant fort bien, et ce depuis peu qu'Elle s'appelait Tenebræ !!! Et pas seulement : Je savais aussi pourquoi, mais je ne pouvais m'empêcher par amusement - mais aussi par quelque chose de plus prenant et de si mystérieux que je n'arrivais pas à le définir : qui  échappait sans cesse alors à ma raison - chaque fois que l'occasion s'en présentait d'être devant Elle d'une façon lamentable le plus agaçant des sans-gênes ! Mais plus important : les recherches étymologiques concernant ce nom Tenebræ et toute la généalogie qui s'y rapportait furent pour moi si passionnantes que je ne manquerai pas, plus loin dans ce roman, d'y consacrer un long chapitre. 

          D'ailleurs cette sorte d'amusement potache que je ressentais alors chaque fois que je la voyais ne dura pas et l'on verra plus tard dans ce roman combien il se métamorphosera petit à petit en un sentiment d'une nature si neuve qu'il agira comme un levier décisif  faisant sauter d'un coup tous les vérins qui maintenaient inerte ma décision de me mettre enfin à écrire.

          Mais pour en revenir à ce que venait de me dire avec véhémence Tenebræ : c'est sans aucun doute à ce moment là que j'ai commencé à entrevoir le charme ineffable qu'avait et aurait toujours sur moi ce que me disait Tenebræ et la manière dont Elle me le disait : ce mot plaisir suivi de peu par hé-ral-di-ques,  lui-même dépassé in extremis par Ordre ! dans sa bouche,  tous 3 formèrent tout à coup l'ultime tiercé gagnant  !

          Que dis-je ?!?!?!! la sublime décharge électrique,  le suprême Maléfice dont rêve tout homme dans ses songes les plus fous  !!!  :D

 

          Petite Fée Baby)💙( Lala revint et Tenebræ put enfin prendre dans ses bras petit Rendez-Vous) 🙃 (Lala car Elle était venue aussi pour lui, et je vis à quel point Elle était toute heureuse de bercer cet enfant et de babiller joyeusement avec lui tout en jetant régulièrement vers moi puis vers petit Rendez-Vous) 🙃 (Lala des regards qui me parurent à la fois si remplis d'interrogations et d'étonnement que du coup je me mis sans savoir  trop pourquoi à la regarder exactement de la même façon !!!  :D

BOOTS BABY LALA 2.png

Notre voyage en

Bon j'vous laisse : petite Fée Baby)💙(Lala nous dit que la chronoSphère est prête pour 1928 !

On vient d'arriver en 1928 ! Quel voyage ! qui n'a duré que quelques secondes pourtant ! Je crois bien que nous sommes rue Monge à coté d'une petite place... je vais aller vérifier. Mais quel silence et quelle douce atmosphère d'une luminosité si étrange et voilà petite Fée Baby)💙(Lala qui se met à parler tranquillement avec une femme qui fume à sa fenêtre ! et patati et patata oh lala ne m'en parlez pas ! etc etc... :D Cette petite Fée est vraiment incroyable ! :D Quelle histoire ! Je vous tiendrai au courant :D


Tenebræ, dont le voyage dans le temps avait creusé l'appétit me dit : °°Vª čHërčhër BæbŸ}💫{Lælæ jĖ væÏs vÔÔüs ëmmēñėr dÏñėr čHëz Jarraud°° puis, sous un réverbère électrique, Elle reprit la lecture d'une revue qu'elle venait de trouver laissée sur un banc public de la petite place. Sur la couverture était inscrit : Histoires Secrètes des Grandes Familles Royales - "Cela vous intéresse donc ???" demandai-je à Tenebræ —👁— °° j°ÅdÔÔrëe ¡!¡ mēmë sÏ jĖ lës čºññãÏs dēJā tøütës ¡!¡°°.

 

Petite Fée Baby)💙(Lala revint vers nous et Elle aussi avait très faim, tout comme moi. Il était maintenant 23h30 ce 30 juin 1928 et je n'en revenais toujours pas ! A chaque instant, esquissant un pas de danse, je touchais du bout des doigts le délicieux chapeau cloche de petite Fée Baby)💙(Lala puis les guiches toutes neuves ondulantes et laquées de Tenebræ car en remontant ainsi bras dessus bras dessous tous les 3 le Boulevard Montparnasse tout illuminé ce n'était pas seulement le temps que nous remontions en 1928 : c'était bien le Paradis


Evidemment Jarraud était archi bondé, et je m'attendais déjà à un refus de nous recevoir tous les 3 à cette heure tardive, quand la personne qui nous ouvrit la porte nous accueillit d'un : "Aah ! Son Altesse la Duchesse ! Mais quel honneur pour nous de vous revoir enfin !" Je me tournais stupéfait vers petite Fée Baby)💙(Lala qui me dit : "Oui ! Ici Tenebræ est connue et reconnue comme étant la Duchesse de l'Aigle, elle y a toujours ses entrées et nous y serons choyés, vous allez le voir, comme des Rois !"

 

Un serveur nous conduisit à notre table, puis une femme arriva et débarrassa Tenebræ de son taupé-cristal et de son manteau en Aspéric et je découvris alors avec enthousiasme la robe lamée argent doublée de velour carmin de Tenebræ et la cordelette alourdie de deux gros glands qui brillaient tels des diamants : c'était des diamants !


Pendant que je regardais la carte des vins je remarquais que Tenebræ semblait avoir perdu tout accent mais gardait sa voix rauque si particulière en disant au serveur : "Nnnon... Non Finley, nous ne prendrons pas cette fois-ci le Potage bortsch et nous irons directement au Homard à la Parisienne puis la pintade en Chaufroix et tout le reste qui suit aussi, pour les vins c'est Monsieur qui choisit - Donnez lui un peu de temps !" Je levais les yeux vers le regard perçant de Tenebræ : "C'est vrai que Duchesse de l'Aigle lui allait vraiment bien !" pensais-je en souriant et, alors que je recevais un coup de pied de sa part tout aussi ravissant dans mes chevilles, je dis au sommelier que nous prendrons du Roederer 1924 ainsi qu'un Condrieu pour commencer puis un Château Plince.


Quelques minutes plus tard, le serveur revint avec un plateau et posa sur notre table un seau à champagne et 3 coupes puis, tout en débouchant une bouteille embuée d'une mince couche de givre blanc, perlée et scintillante, il demanda à Tenebræ : "Son Altesse la Duchesse a dû passer un splendide séjour sur la Riviera ?" et Tenebræ, avec une jovialité adoucie sincère et complice, répondit simplement : "Ho Finley... Vous qui me connaissez depuis si longtemps... Vous savez ce que j'en pense.. ... Mais trinquez donc plutôt avec nous" Et Tenebræ offrit sa coupe de champagne à Finley pendant qu'il remplissait pour elle un simple verre à vin. Et petite Fée Baby)💙(Lala prit ma main dans la sienne et nous levâmes tous les quatre nos verres dont les bulles rêveuses lumineuses et dorées rejoignirent au son d'un tango fiêvreux et rectiligne l'éclatante blancheur des hauts plafonniers.


"Ho ! Pendant que nous y sommes Finley : épargnez nous la Parisienne ! : Les homards seuls suffiront !" et en disant cela Tenebrae ne put s'empêcher d'ajouter à son sourire l'accentuation suraiguë de son regard dans ma direction ! :D


Les blocs compacts de chair ferme blanche et rosée se détachaient avec facilité des pinces craquelées en éclats du homard et ce d'autant plus, que c'était petite Fée Baby)💙(Lala qui s'occupait de mon assiette - pour éviter que je patouille disait-Elle :D - et me reléguait ainsi à une bienheureuse (mais ouf temporaire !) régression : celle d'enfant gâté spectateur de son futur festin ! Et tout en regardant le collier bleu de petite Fée Baby)💙(Lala qui brillait de mille feux je me promettais de ne pas oublier de noter pour mon roman, combien en 1928 dans les rue de Paris et bien plus encore dans ce prestigieux restaurant où nous étions ce 1er Juillet 1928 (il était déjà presque 1 heure du matin) l'électricité était encore perçue comme une Fée si nouvelle si novatrice et la promesse infaillible de tant de bienfaits qu'on sur-multipliait partout les sources d'éclairage là où une seule aurait largement suffit.


Alors que Tenebræ me disait combien Elle serait toute heureuse que je l'accompagne le lendemain matin Avenue des Champs Élysées car Elle aimerait acheter quelques robes à la boutique Aux 2 Claudine, un homme se présenta à moi en disant : "Pardon Monsieur de vous demander cela : mais il me semble vous connaître et vous avoir déjà vu aux cours d'orchestration de Delage ? Vous m'aviez même parlé d'un Concerto "La Femme est un grand embarras" Je m'en souviens très bien !" Puis se tournant vers la femme qui l'accompagnait : "N'est-ce pas Beth C'est bien lui ?"

Je dévisageais l'homme et j'essayais de comprendre comment en 1928 quelqu'un pouvait affirmer me connaître moi dont les parents n'étaient pas encore nés ! Mais je fus éberlué en voyant la femme s'adresser soudain à Tenebræ : "Mais tu es là toi ?!?!! Comment se fait ?!?!?... Et vous aussi Baby)💙(Lala ?!?! C'est tout bonnement incredible !" (l'utilisation d' anglicismes à tout propos était encore très à la mode en 1928 hélas ! :D) Et Tenebræ me présenta au Comte et à la Comtesse De Trieste Aigueville : ce qui me désola car je m'apprêtais à goûter au délicieux homard et au verre de Condrieu frappé.


"Écoutez ! C'est très gentil tout ça..." dit Tenebræ "... Les présentations sont faites, nous nous aimons tous beaucoup c'est une affaire entendue mais il faut que tu saches Argan que Baby)💙(Lala Monsieur et moi étions sur le point de dîner et que nous avons très faim. Retrouvons nous plutôt demain disons vers midi, je te laisse choisir l'endroit Beth mais je dois aller Aux 2 Claudine donc les Champs Élysées serait plus que parfait !".

En entendant "Aux 2 Claudine" Argan De Trieste Aigueville se mit à me parler de l'architecte Raymond Nicolas qui en plus d'avoir conçu les intérieurs de cette boutique de mode était aussi l'un de ses amis. Je n'étais jamais indifférent à tout ce qui de près ou de loin touchait à l'art et j'étais sur le point de poser au Comte plusieurs questions quand Tenebræ me tira par le bras en riant : "Ha non ! Argan ! Ne commencez pas à parler architecture ! Ho la la ! Surtout pas avec lui !!! En tout cas pas maintenant !!!".


Au moment de nous quitter, Beth De Trieste Aigueville s'adressa à petite Fée Baby)💙(Lala : "Vous voyez... ... je l'ai toujours ... ...j'y tiens ! ~~ il me porte toujours chance..." en tenant extirpé entre son pouce et son index un pendentif  ovale bleu majorelle serti d'or". Et je fus ce soir là très heureux par ricochet de revoir soudain sur le visage de petite Fée Baby)💙(Lala cette joie limpide enfantine d'un rose ensoleillé qu'Elle avait chaque fois qu'on lui disait qu'une de ses créations qui lui avait donné tant de travail rendait ensuite si heureux celui ou celle qui la possédait.


Tout le reste de notre délicieux et si copieux repas se passa fort bien et fut même entrecoupé par un moment voluptueusement... voluptueux  et à la fois tout à fait comique car Tenebræ qui, à ma grande surprise, connaissait presque tout le  monde dans ce prestigieux restaurant, tint absolument à se cacher un instant sous la table pour ne pas être vue d'une femme vêtue d'une robe et d'un manteau de Sonia Delaunay aux motifs géométriques somptueusement colorés qui se dirigeait vers notre table et j'entendis Tenebræ, son visage quasiment entre mes genoux, me dire d'une voix basse toute gourmande de venin :"Celle-là s'habille avec goût, c'est même le genre qui doit te plaire ! Mais c'est surtout une intrigante doublée d'une garce ! Et je m'y connais !". Je voulus protester mais un frisson innommable parcourant mon échine me laissa sans voix !!! Il se trouva que le lendemain midi, Tenebræ dans la boutique Aux 2 Claudine tout en essayant devant moi des robes m'avoua honteusement tout le contraire en riant : A savoir que cette personne était l'une de ses plus charmantes et fidèles amies et qu'Elle n'avait fait tout cela que par jeu ! Puis Elle m'embrassa encore et encore comme pour se faire pardonner et me fit promettre de tout faire pour l'empêcher de recommencer ! Mais : En étais-je seulement capable et en avais-je surtout l'envie ?!?!  :D

Evidemment après cet intermède délicieusement coupable, le dessert me parut bien fade et il fut en plus gâché irrémédiablement : Car à l'instant même où je commençais à savourer ma Bombe Sorcière (sorte de glace recouverte de chocolat et cloisonnée en plusieurs petits compartiments surprise faits de gâteaux, de fruits exotiques et de petites glaces chacune d'un parfum différent),  je ne sais quel imbécile jugea opportun de demander à l'orchestre de jouer "Âmes d'enfants" de Jean Cras, car ayant malheureusement le gros gros défaut de ne pouvoir faire 2 choses à la fois, ma bouche fut sans cesse interrompue par mes oreilles bercées par le balancement régulier de cette musique délicieuse qui me fit penser à une nouvelle si tendre elle aussi de Colette ayant pour titre "L'enfant malade".


Pendant que nous prenions le café sauf moi qui préférais un alcool de framboise, petite Fée Baby)💙(Lala se leva pour aller dire quelques mots à une jeune fille habillée d'une longue robe bleu ciel dont les cheveux ramassés sous un vaste chapeau blanc noué d'un ruban bleu pervenche ne laissaient pendre que quelques longues boucles paresseuses et rousses. Elle se tenait debout à quelques tables de la notre et venait de faire un petit signe de la main à petite Fée Baby)💙(Lala. Je m'aperçus à cet instant avec un amusement intemporel sans limite que petite Fée Baby)💙(Lala avait gardé aux pieds ses tennis dorées étoilées de 2017 ! Dès qu'Elle revint je lui en fis  la remarque et petite Fée Baby)💙(Lala me dit que c'est justement et principalement de  cela que la jeune Marquise Blanchy-Winestam lui avait parlé car elle tenait absolument à savoir où elle pourrait, elle aussi, les acheter.

Je n'appris que bien plus tard que cette Marquise se maria l'année suivante avec un photographe qui fit beaucoup parler de lui par la suite en publiant toute une série de clichés d'elle en train de danser en tennis sur la banquise de l'Antartique, clichés pris à bord d'un ballon dirigeable juste au dessus d'elle ! Elle divorça quelques années après et se remaria à Coney Island avec un magnat de la presse qui la quitta ensuite  pour une jeune danseuse des Ballets Russes. A cela il faut ajouter qu'elle se retira ensuite alors au Nouveau Mexique travailler dans un laboratoire de recherche en  astrophysique et écrire ses souvenirs. Elle y disparut un jour sans laisser de traces en emportant ses mémoires.

 

Et d'ailleurs au moment où nous allions quitter le restaurant, Monsieur Jarraud lui-même après avoir remercié chaleureusement petite Fée Baby)💙(Lala lui fit part de son admiration pour la tenue de soirée éclatante et les chaussures "tout à fait étonnantes" qu'Elle portait.

​​

​​         

 

           En sortant de chez Jarraud Tenebræ nous proposa d'aller danser à La Coupole car Jean Vaissade y jouait au Dancing. "Qui est Jean Vaissade ?" demandais-je ~~ "C'est quelqu'un de bien tu verras. Et... ...Et tu as vraiment besoin de ça ??!?!!!" me dit Tenebræ en regardant  l'œillet bleu ciel  à ma boutonnière qu'une femme que je venais de croiser en sortant du vestiaire m'avait offert. "Bah oui :D je le garde !" dis-je en passant  mon écharpe  autour du cou de petite Fée Baby)💙(Lala qui juchée sur la pointe des pieds venait de m'embrasser et son petit nez me parut si glacé que j'eus peur qu'Elle ne prit froid dans son manteau blanc comme neige qui scintillait de mille feux sous les réverbères et la faisait ressembler à une Princesse Fée des mille et une nuits en plein Paris  : ce qu'Elle était. 

 

           La Coupole était noire de monde et il fallut nous faufiler entre les tables, les gens et les serveurs pour nous diriger vers l'escalier menant au Dancing. Tenebræ s'arrêta un instant à une table pour dire quelques mots à une  personne - J'appris par petite Fée Baby)💙(Lala que c'était Lucie Badoul - puis Tenebræ vint nous rejoindre : "Je ne pouvais tout de même pas passer à coté d'une amie vraie, oui  d'une véritable amie sans lui dire quelques mots" 

 

           Le Dancing rempli à ras bord était tout enfumé, les gens tous debout et nous eûmes du mal à distinguer et comprendre la personne qui venait de prendre la parole sur la scène.

           "Mesdames, Messieurs, une empêchement de dernière minute ne nous permet pas d'accueillir Jean Vaissade  ici ce soir au Dancing... " gros brouhaha dans la salle, des sifflets, juste devant nous une femme toute ronde haute comme 3 pommes avec sur sa tête un petit chapeau mauve tout rond lui aussi   s'époumone en criant "Rem-bour-sez ! Rem-bour-sez !" puis elle se retourne vers moi en réajustant une de ses boucles d'oreille : "Vous vous rendez compte ?!?!... Moi je suis venue exprès de Saint-Maur rien que pour lui : J'ai vraiment pas d'chance ! Il joue si bien et il sait faire danser Oh la la ! Si vous saviez..."

           "... Aussi en remplacement... " continua le présentateur  "... Oui ! En remplacement nous avons le plaisir de vous annoncer en exclusivité pour vous tous maintenant : Gina  Gaufrette ! 

           Un type à coté de moi met ses mains en porte voix et hurle  "Gina ! Gina ! GINA ! GINAAAAA !" D'autres suivent et des applaudissements crépitent en rythmes et montent alors crescendo avec frénésie.

           "Qui c'est encore que celle-là ?!?!... " me dit Tenebræ d'une voix rendue douce par la mélancolie et la déception de ne pouvoir entendre Jean Vaissade et celle aussi de ne pouvoir  me  faire découvrir "en direct" le talent de cet accordéoniste car Elle savait bien que je portais toujours une attention aigüe à ses goûts et ses envies de me les faire partager. Et d'ailleurs les goûts de Tenebræ, même si ils ne rejoignaient pas parfois les miens, les éclairaient toujours  par un fabuleux  jeux de miroirs secrets tendus et passionnés.

           Toutes les lumières s'éteignent soudain. Un projecteur fait glisser la lune lumineuse de son faisceau le long des deux rideaux rouges comme si il cherche quelqu'un puis s'immobilise soudain. Les rideaux s'écartent .

                                                                                                   

                                                                                                     Gina Gaufrette apparait alors  sur la scène :

           Pas très grande, un peu boulotte, vêtue d'une petite jupe noire toute droite descendant jusqu'aux mollets, d'un chandail vert olive léger et flottant dont l'encolure très évasée laisse voir une épaule, Gina Gaufrette porte un fichu rouge et blanc enserrant ses cheveux châtains clairs tout bouclés. Elle ne sourit pas et ses yeux clairs en amande semblent réfléchir en nous regardant avec attention. Derrière elle, un homme arrive avec un tabouret et une guitare vert pâle à pan coupé, suivi par une femme avec une clarinette basse et un bandonéon bleu comme l'été à Paris.

           "Bonsoir à vous toutes et tous ! ... Mais dites donc ! Vous n'allez pas laisser ma clarinettiste debout tout de même ?!?!" La voix de Gina Gaufrette est ovale, cotonneuse et rêche à la fois dans certaines fins de mots. Une femme monte sur la scène apporter une chaise et Gina s'exclame avec un sourire incrédule  : "Et alors les hommes ?? Oui ! C'est encore une femme qui sait faire ça !  C'est pas bien lourd une chaise pourtant !!!". Elle se tourne vers le guitariste, lui fait un petit signe du menton  puis regarde un instant son accompagnatrice  ajuster sa clarinette basse.

                      Je ne m'en aperçois pas tout de suite mais le silence de place en place envahit par plaques le Dancing tout entier. 

                    Gina Gaufrette nous regarde en disant "C'est bien beau Paris et encore plus beau puisque vous êtes tous là. Mais... vous savez... il y a le Brésil aussi... oui : Le Brésil...

                    

                                                                       Et dans un silence total Gina Gaufrette commence à chanter :


                                        "De ton amour mon cœur je me porte garant nos deux vies nos blessures enlacées si souvent"

                  

 

 

                 J'avais beau chercher dans ma mémoire, je crois bien que ni moi  jusqu'à cette nuit ni petite Fée Baby)💙(Lala et ni Tenebræ au cours de leur éternelle existence nous n'avions de notre vie entendu une voix pareille. Cette voix absolument sans émotion qui ne mettait en avant aucune syllabe des paroles, qui ne faisait pour ainsi dire que les "dire" et les transmettre comme si elle n'était que le fil conducteur électrique libre et fulgurant de ses chansons : cette voix envahissait physiquement les corps et les pensées , les faisait frissonner dans une terra incognita : nous étions soudain tous perdus et sauvés à la fois dans ce Dancing.

                     Je voulais écouter attentivement les paroles mais le type à coté de moi m'ayant vu fouiller dans une de mes poches à la recherche de mon petit calepin (dans lequel j'aimais inscrire très vite des impressions fugitives qui me semblaient importantes) crut que je cherchais mes cigarettes et m'en offrit une en me disant : "N'est-ce pas que Gina est prodigieuse !. Mais elle n'a pas toujours eu la vie belle. Elle a été longtemps malade et s'était retirée Dieu sait où, on la croyait morte et puis vous voyez : elle est là et c'est incroyable comme elle sait nous rendre heureux dès qu'elle chante. Et si elle veut bien nous offrir "Lisbonne" alors là moi je vous le dis tout net : je vais chialer..."

                     "... et on se débrouille" : Gina Gaufrette chantait le dernier vers  de "Toi mon Brésil". Il y eut un  silence de quelques secondes puis se fut l'ovation de nous tous dans la salle. Gina Gaufrette ne sembla pas émue mais ses mains baissées agitaient leurs doigts en cadence aux sons des applaudissements : Elle était vraiment heureuse je crois de partager notre joie.


                     Pendant que le guitariste posait sa guitare et fouillait dans ses partitions, Gina Gaufrette continua : "... Vous savez, il y a toutes ces  chanteuses, ces chanteurs qui vous disent avec une gouaille qui se croit populaire :  "je suis de la Butte" ou encore "La rue Lepic, Ménilmontant c'est d'là que j'viens"... Eh bien moi pas du tout : ... .. . " Le guitariste interrompit soudain Gina Gaufrette : "Moi ! J'suis de la Butte !!!" - Elle se retourna : "Oui mais toi c'est pas pareil grand nigaud !!!"

                     Et Gina Gaufrette reprit : "...oui je disais donc que moi pas du tout : Je suis née Rue Poussin dans le XVI ème arrondissement. Ma maman, oui ma maman pas ma mère, était fleuriste et le jeudi quand j'étais toute petite, oui enfin, un peu plus petite quand même qu'aujourd'hui,  je restais avec elle au beau milieu des fleurs qui jouaient avec le soleil.

                     Papa, lui, était tailleur de pierre, pas les grandes, les toutes petites, les précieuses qui ne le sont pas plus que les grandes taillées ou non d'ailleurs et qui, toutes grandes qu'elles sont, sont aussi belles parfois et nous sont bien utiles en tout cas. L' atelier de mon papa était situé dans une jolie petite cour de la Villa Flore et j'allais parfois avec maman le chercher les soirs d'été à son travail et nous remontions ensemble l'avenue Mozart pour rentrer chez nous. Mon papa connaissait tout le monde dans ce quartier, même des Princesses, et nous en croisions parfois et certaines restaient même parler de longs moments avec papa et maman, j'avais 7 ans alors et je les appelais les Fées !"


                      Le regard de Gina Gaufrette croisa celui de petite Fée Baby)💙(Lala et se fixa sur la robe étincelante qu'Elle portait. "Mais il semblerait qu'il y ait ici ce soir une Princesse !" dit Gina Gaufrette avec le sourire de son enfance. Et petite Fée Baby)💙(Lala de sa petite voix toute pointue toute rieuse dit à Gina Gaufrette : "Ha non ! Moi je ne suis pas une Princesse !  Je suis une Fée !" Et tout le public se mit à rire de ce qu'il croyait être une plaisanterie.

                  Gina Gaufrette d'un geste d'éventail salua petite Fée Baby)💙(Lala  :  Ho... Alors... dans ce cas, pour vous et en souvenir de papa,  pour lui et pour tant d'autres, morts à la guerre je vais  chanter la chanson simple de leur bonheur passé : "Le goût du jour" mais d'abord : il me faut un piano.

                

                   Tenebræ vint alors me rejoindre : Elle passa son bras derrière moi, posa amoureusement sa main sur ma taille et son visage sur mon épaule. Je fermais les yeux un instant : tant et tant de visages différents de Tenebræ défilaient tels un manège ensorcelé devant mes paupières closes. Quelle était celle que j'avais en ce moment même toute contre moi ???... Je rouvris les yeux pour le savoir ! :D

                

       

 

( ... à suivre )

  ************************************************************

C h e z   M o y e n n e  F é e

Mais d'autres soirs, qu'il vente qu'il pleuve ou qu'il fasse si froid comme ce fut le cas cet hiver là, c'était avec Moyenne Fée que j'avais rendez-vous et j'arrivais souvent tout haletant en m'ébrouant sous le grand porche de sa demeure de toute la neige qui recouvrait mon vieux Gloverall. Ho ! J'adorais par dessus tout faire "chanter" au moins 2 fois le carillon doré de sa porte qui égrenait mi sol mi (un octave plus haut) puis le ré juste en dessous. La porte s'ouvrait et c'était toujours Balo un lutin campagnard enjoué et volubile tout habillé de bleu qui m'accueillait alors en me racontant chaque fois une petite histoire toute neuve emplie de féérie sur sa forêt natale et sa nombreuse famille puis il me faisait attendre dans un vaste et haut vestibule aux boiseries d'un brun Senois douces et vernissées. 

 

Je ne m'y sentais d'ailleurs jamais seul les soirs de grands froids car une bonne grosse vieille cheminée bavarde aux joues rouges, toute encombrée de bûches ardentes et crépitantes,  me tenait alors compagnie et aimait, tout en me racontant ses souvenirs, réchauffer tendrement mes mains qui en avaient tant besoin.


Moyenne Fée en me recevant me demanda tout de suite des nouvelles de petit Rendez Vous)🙃(Lala et de ses parents. Je lui répondis que si petite Fée Baby)💙(Lala et son enfant se portaient effectivement bien, je n'avais par contre malheureusement aucune nouvelle à lui donner à propos du papa. "Ho ! Je ne doute pas qu'il aille fort bien lui aussi !" me dit Moyenne Fée avec un pétillement dans ses grands yeux qui était si charmant que sur le moment j'en oubliais même de me demander quelle pouvait bien en être  la cause et préférais y voir uniquement la marque d'une sincère attention aux êtres qui me sont chers. Je lui dis que j'étais venu lui demander l'autorisation exceptionnelle de pouvoir regarder un des Grands Livres de sa bibliothèque et tout en lui parlant je me promettais dans un coin de ma petite tête de noter plus tard combien ce soir là particulièrement Moyenne Fée avait de tendres pensées et de merveilleuses prévenances  à mon égard )


"De quel ouvrage déjà s'agit-il ?" me demanda Moyenne Fée en s'élevant le long de hautes étagères obliques enchevêtrées dont les cimes si élevées se perdaient noyées dans une sorte de brume indicible. "C'est आप: मेरी निविदा भूलभुलैया" (Vous : Mon tendre Labyrinthe) lui dis-je "Celui qui a une tranche rose historiée. Oui ! Celui-ci". D'habitude Moyenne Fée savait que j'aimais être seul pour consulter ces Ouvrages Merveilleux dont les uniques exemplaires lui appartenaient, mais cette fois-ci Elle fut  toute étonnée et ravie d'entendre que je lui demandais comme une faveur qu'Elle reste avec moi pour le consulter, n'étant pas un traducteur infaillible des dialectes ancestraux dont ce Livre était rempli. Moyenne Fée vint s'assoir à coté de moi dans la Chambre des 7 Hathor et d'un long geste lumineux en arc de cercle Elle déploya le Grand Livre dont les pages s'ouvrirent comme des rues.


Nous travaillâmes cette nuit là jusqu'au petit matin : au moment où de petites étoiles elles aussi fatiguées vinrent s'endormir sur les plus hautes des étagères. Pendant que Moyenne Fée était partie nous préparer un Thé Matcha, je me levais pour me dégourdir un peu les jambes. La chambre des 7 Hathor était une sphère de verre perchée entre deux énormes branches d'un vénérable érable japonais au feuillage délicat et rose. Sur une partie de cette bulle irisée transparente étaient affichés des dessins, des coloriages et des portraits d'enfants : C'étaient ceux de petite Fée Baby)💙(Lala et de Tenebræ ! Si je reconnus tout de suite la première grâce à ce sourire élargi d'une tendresse ineffable qu'Elle avait conservé adulte et qui "agissait" sur moi en véritable talisman, je fus très amusé par contre de mettre beaucoup plus de temps à reconnaître Tenebræ qui devait avoir 7 ans et qui, habillée en vraie Sorcière, faisait son visage de fausse boudeuse qu'Elle avait avec moi... heureusement encore très souvent  !


Et si je reviens maintenant sur ma soirée passée avec Moyenne Fée, c'est que l'une comme l'autre furent la source de si merveilleux moments que, chaque fois que par la suite on me demanda des nouvelles de Moyenne Fée, son visage baigné d'une lumière orangée vint se détacher dans mon souvenir sur le fond bleu nuit pointé d'étoiles de cette soirée au cours de laquelle je revois encore très distinctement sa main ornée d'une bague ovale d'un bleu Tiffany souligner de son index certains passages du Grand Livre. Et parfois, Moyenne Fée, sans même me regarder, prenait ma main tendrement et me faisait à mon tour souligner lentement du doigt le passage que je n'avais pas encore bien compris ! :D.

                                                                    ***

                     

 

​​                                                                                                    

Tenebræ ayant appris que je pensais, comme tant d'autres, que dans tout roman le Temps est la notion primordiale qui irrigue tout le reste, avait haussé une fois de plus les épaules mais cette fois-ci avec un sourire que je ne lui connaissais pas et m'avait dit d'une façon laconique et sans insister : "... il me semble bien avoir écrit, moi aussi, sur ce sujet...". Aussi : poussé par ma curiosité je décidais un soir de retourner voir Moyenne Fée qui avait, je le savais maintenant, certains livres et même des manuscrits de sa cousine. Je ne me faisais pourtant que peu d'illusions sur la qualité des écrits de Tenebræ et encore une fois : la suite me prouvera que j'avais tort.

 

Mais Moyenne Fée alors vivait aussi une grande partie de l'année dans son Immense Forêt et c'était un tout autre périple qu'il me fallait entreprendre pour accéder à sa demeure qui, à ma grande surprise et bien que située au milieu d'arbres centenaires, ressemblait plutôt à un immense vaisseau du XVIII ème siècle secoué par les flots.


De grandes salles somptueuses, des boiseries partout et d'immenses tentures ventées hissées comme des voiles jusqu'au haut des hauts plafonds des Grands Salons qui semblaient ainsi mobiles et livrés aux seuls vents du large tels le Nau Esméralda disparu à jamais au fond de l'océan. D'amples et profonds fauteuils souples et doux d'un bleu nuit de clair de lune. Des bougies projettent nos ombres et les font glisser le long des murs puis fuir tout en bas sur le sol alors que nous montons maintenant, Moyenne Fée et moi, le Grand Escalier.

 

Puis nous grimpons vers sa Bibliothèque située en haut d'une tour par un étroit et vertigineux escalier métallique en colimaçon, suspendu par de longues tiges d'acier, et qui se balance en grinçant sous notre poids et parfois par des lucarnes laissées ouvertes des feuilles d'arbres humides  et tempétueuses viennent se coller sur mes joues. Et tout en haut : des livres invraisemblables qui se lisent dans tous les sens ! Par intermittence de grandes pages s'envolent claquantes comme les pigeons de la place Saint-Marc puis tournoient autour de nous en faisant vivre devant nos yeux les choses et les personnages de leurs récits ! Et d'autres livres tels d'étranges papillons lascifs naissent dans les volutes  alanguies et  bleutées s'élevant au dessus de grands bougeoirs lunaires. Moyenne Fée m'invite à m'assoir : Nous allons donc pouvoir commencer à travailler.

Moyenne Fée leva les yeux vers l'une des étagères sphériques et me demanda : "C'est bien du Grimoire des "समय के नौ दर्पण: उनकी सुरंगें" qu'il s'agit ? Savez vous que si Tenebræ ne m'avait pas donné expressément son accord, jamais vous n'auriez pu, ne serait-ce qu'approcher ce manuscrit...et je ne suis pas certaine d'ailleurs que cela soit même une chance pour vous : c'est un Grimoire extrêmement dangereux dans des mains hésitantes".

Moyenne Fée ferma un instant les yeux puis s'éleva à 7 mètres du sol pour aller atteindre un Grand Carton d'un rouge sombre qu'Elle prit sous son bras et redescendit ensuite le poser sur une table en cristal en forme de croissant de lune qui était entourée de 7 tables étoilées en olivine. Après avoir ouvert le carton Moyenne Fée sortit le Grimoire et en souleva la serre d'Aigle en diamant qui le fermait comme un étau. "Tenebræ l'a écrit il y a bien des siècles... ...Mais au fait : Vous m'avez bien dit qu'il y avait un chapitre qui vous intriguait particulièrement n'est-ce pas ?" Je m'apprêtais à lui répondre lorsque je vis soudain la texture de la couverture du Grimoire se métamorphoser.

( A suivre )

 


            Certains autres soirs il m'arrivait parfois de passer chez Tenebræ dans son appartement parisien avant qu'Elle y soit revenue.

 

          J'avais une clé qu'Elle m'avait donnée et j'allais directement dans le 2ème salon m'assoir sur un grand divan noir : je sortais alors mon petit calepin et un crayon dans l'espoir d'ébaucher un des prochains chapitres de mon roman. Mais comme je commençais seulement depuis peu à me familiariser avec les formes asymétriques de ce salon et celles de son mobilier tortueux d'une si envoûtante étrangeté, j'adorais rester quelques instants d'abord dans la seule clarté du clair de lune à réfléchir et rêvasser à mon roman, puis enfin, je me décidai à allumer une lampe en pâte de verre qui me sembla être de Daum et dont le petit abat jour triangulaire d'un bleu-vert soudain luminescent acheva comme par magie de donner à ce salon les couleurs diffuses feuillues et incantatoires d'une forêt amazonienne.

         

          Conforté par un optimisme créatif débordant mais quelque peu désordonné, je réussis sans peine à noircir plusieurs pages de mon précieux calepin et le temps semblait fondre au fur et à mesure comme glace au soleil entre chaque ligne. Par moment je levais la tête et suivais les lignes rondes voluptueuses et discontinues des meubles bas sur lesquels des bibelots amassés aux quatre coins du monde par Tenebræ absorbaient la lumière douce venant de la lampe et se nimbaient d'un bleu maya d'une majesté divine et ensorcelante . Mais c’était surtout un immense portrait noir et blanc de Tenebrae hiératique d'une fulgurante beauté qui aspirait mon regard : haut jusqu'au plafond il me faisait pourtant immédiatement penser, alors qu'il n'y avait aucun rapport direct (ouf !), à une scène du film "Sunset Boulevard" dans laquelle on voit Norma Desmond descendre le grand escalier de son immense demeure.

          D'un bond Enfer sauta sur mes genoux : d'où venait-il encore ? Mystère ! Enfer est le chat de Tenebræ, son ombre féline. A y regarder de près c'est un gros chat de  gouttière des toits de Paris. Sauvé d'une mort certaine par Tenebræ qui l'avait extirpé d'un chantier où, blessé à une de ses pattes, il s'était terré en gémissant sous la pluie derrière des planches. Depuis tout était réparé et, guéri, Enfer était devenu le maître absolu du logis après Tenebræ. Et je ne sais trop pourquoi, j'étais pour ce gros chat à la robe fauve comme les cheveux de sa maîtresse, un humain à peu près acceptable alors que toutes celles et ceux invités par Tenebræ qui tentaient de l'approcher n'avaient droit qu'à l'arc hérissé électrique de tous ses poils surmonté d'un feulement de gorge à faire fuir tout à fait convaincant !

          Enfer, les yeux déjà voilés, laissa pendre un petit bout de langue rose, puis mit en route le petit moteur doux et régulier de son sommeil : je ne pouvais plus bouger et c'est juste à ce moment là que j'entendis le cliquetis argenté de la porte d'entrée suivi de  deux claquements de chaussures tombant sur le carrelage : C'était Tenebræ ! Enfer soudain bien réveillé bondit tout heureux vers sa maîtresse puis en de lents huit langoureux entre les jambes de Tenebræ, il frotta arqué son cou contre elles. — °° TïęñS tÜ ės lÅ tÔÔå ¿!?¡¿!¡ °° fit Tenebræ en regardant Enfer puis, fixant son regard dans le mien Elle ajouta : °° mºÑ päüVrë Ęñfær ¡!¡ LüĪ lã~bªs•••Ïl ñë t°Ã pªs trºp fæÏt dę mïsæïrës ¿!?¡!¡! °°. Je ne répondis rien (:D) et j'allais me lever quand Tenebræ s'allongea sur le divan comme si je n'y étais pas et fit seulement avec ses jambes un pont soyeux au dessus des miennes.

          °° jĖ süïS ėrēïñTëę ¡!¡ t°ės•tÜ ºččüpë dē DåmñåTïºñ ¿?¿°° (les Fées ne devraient jamais dire "je suis éreintée" à tout homme normalement constitué ! fin de la parenthèse !) Damnation était une perruche rouge orangé rose que Tenebræ sentimentale subjuguée avait cru bon de ramener de notre voyage temporel en 1928. Elle l'avait achetée dans une oisellerie du Pont Neuf mais la malheureuse perruche n'avait pas vraiment bien supporté son premier voyage dans le temps vers 2017 et, depuis, était restée muette ! Ce qui affligeait d'autant plus Tenebræ qui aurait tant aimé pourtant prendre un bain en l'écoutant roucouler ! Et, maintenant, le seul spectacle que nous offrait cette perruche solitaire revêche outrée était son profil gauche hautain dont l'œil écarquillé bombé comme un monocle semblait nous infliger les plus sérieux et silencieux reproches !

          Tenebræ me racontait en large et en travers mais surtout à l'horizontale sa journée si épuisante. Et, si je ne redoutais pas en l'écoutant de voir bientôt le délicieux pont de ses jambes s'affaisser, j'entrevoyais de plus en plus et avec crainte l'avenir pour le moins compromis de mon impassibilité ! :D

          D'un geste discret j'éteignis la lampe Daum, ce qui fit dire à Tenebræ : °° Åh ¿?¿ tÜ pręfæïrëS m°ęčÔÔütër dªñS lë ѺĪr ¿?¿ Bõñ jĖ čºñTïñùė •••°° et je me dois d'avouer ici que c'est en plus et aussi pour cela que j'aime Tenebræ : l'immédiate, oblique, parfaite et constante compréhension qu'Elle a eu dès le début pour ma non accoutumance foncière à la luminosité de son salon !!! :D

         

          Réellement j'adore, chaque fois que cela arrive, que Tenebræ me raconte ainsi ses journées de dur labeur, et j'avais acquis petit à petit au fil des jours un vocabulaire solide de plus en plus étendu pour donner suite à ses propos. "Vous avez bien fait" , "Bien envoyé ! Non mais quel culot ! Vous ne l'avez pas crue j'espère ?!?!" , "Ah ! Oui ! Sur ce point Tenebræ je Vous donne parfaitement raison" etc etc Tant et si bien que très vite j'arrivais à joindre d'amoureux gestes  à mes paroles. Ce qui, Tenebræ me le confirmait chaque fois, n'était vraiment pas plus mal ! :D  
 

          Mais l'été, dans la douceur du soir, c'était plutôt sur sa terrasse que venait me rejoindre Tenebræ, vêtue d'une robe légère teintée de capucines jaune d'or, roses, bleues, violettes, et orangées. Le plus souvent nous nous allongions alors entre deux des hautes et larges vasques débordantes de fleurs tendrement épanouies qui, au clair de lune, devenaient soudain somptueusement éblouissantes, et nous assistions, enlacés bouches cousues, à leurs feux d'artifice immobiles muets et parfumés.

         

          Une nuit, sur cette terrasse, sous la lueur de grands photophores, Tenebrae et moi, côte à côte allongés sur le carrelage froid qui contrastait avec la soie tiède de sa robe, avons trié ses photos. Et chaque fois qu'Elle me disait d'un air moqueur circonspect et rêveur souligné par ses yeux mi—clos mais perçants : “Ho non !  Celle-ci finalement on peut vraiment la jeter !!!"  je lui disais : "Bon. D‘accord" et je la glissais comme les précédentes rapidement dans l'une de mes poches

          Certaines fois Tenebræ organisait chez Elle des soirées avec ses ami(e)s. Je n'y étais pas toujours invité car Elle croyait que je n'y supporterai pas certains d'entre eux et sans doute inversement aussi. En cela, sur le premier point en tout cas, Tenebræ se trompait mais passons. Et d'ailleurs je n'allais pas toujours à celles où Tenebræ m'y attendait avec impatience car je travaillais fort tard moi aussi parfois. Pourtant, les rares fois où, certain de bien m'y amuser, j'allais à ces fêtes organisées par Tenebræ, j'y retrouvais souvent une personne qui ne manquait pas de m'intriguer car dès qu'elle m'apercevait elle se dirigeait aussitôt vers moi et m'offrait chaque fois la moitié d'un toast qu'elle avait commencé en me disant : "Tenez ! Goûtez celui-ci ! Qu'en pensez-vous ?!? Moi je ne devrais même pas y toucher ! Vous ! Vous avez de la chance au moins !" Je sus plus tard qu'elle s'appelait Dirce, qu'elle était italienne, adorait les macarons au citron de Rizzardini, les films quand ils étaient ridicules bavards et ennuyeux et les petits sacs bleus de Scervino.

          Alors que Dirce me parle de l'Italie et d'Alazza di Sole Selvaggio où elle a longtemps habité, je lui demande si  la petite papeterie Cerratti y existe toujours. Je me souviens fort bien qu'elle était située à flanc de montagne face à la mer, unique boutique de la Via de Lys et qu'elle y était toute entourée de feuillages envahissants bleu-vert sombre et violacés sans cesse remués par les vents maritimes. L'été, certains soirs d'orage, cette illustre papeterie avec sa petite devanture orange et rose lumineuse noyée sous la pluie scintillait comme une petite étoile bienveillante descendue sur Terre. Le carillon distordu rouillé et tendre de sa porte-vitrail fut soudain pour moi, une après-midi de Juin sous une pluie torrentielle, comme une planche de salut :  J'ouvris la porte et entrai pour y acheter des grandes feuilles à dessin dont j'avais absolument besoin. Une vendeuse  séchait avec une serviette ses longs cheveux noirs qui, tout mouillés encore, glissaient sur ses épaules blanches. Elle me parla du temps qu'il faisait et tout en se recoiffant devant un petit miroir ovale me montra des catalogues et aussi des albums de photos du passé ravivées par les lampes douces en demie lune disposées un peu partout sur de longs meubles patinés vernis et secrets dont les longs tiroirs gardaient des feuilles immenses aux couleurs de toutes sortes. "Vedi" me dit alors la propriétaire Signora Cerratti "Qui, niente è mai abbastanza perduto". Lorsque je sortis de cette papeterie, un grand tube sous le bras protégeant mes précieuses feuilles, le soleil  était revenu jouer avec les nuages. J'ai traversé la route et pris un chemin étroit qui descendait en pente raide vers une petite plage où m'attendaient Julie et Fabrizzio et nous sommes allés joyeusement nous perdre à                                                                                                                                                                              

                                                                                                      coeurs

                                                                                                                    ouverts

                                                                                                                                    dans

                                                                                                                                               l'Adriatique.

            À vrai dire le seul fait d'être avec Tenebræ lors de ses soirées me rendait si heureux et joyeux que je me retrouvais sans même m'en rendre compte à discuter avec des personnes que je ne connaissais pas de choses qui m'étaient totalement inconnues et à propos desquelles je n'avais absolument aucune idée personnelle ou intéressante à faire partager !!! J'étais d'ailleurs souvent complètement  à contre-temps lors de ces discussions : il m'arrivait de rire en plein milieu de choses très sérieuses qui étaient dites, simplement parce qu'elles me rappelaient des situations tendres et rigolotes que j'avais vécues avec petite Fée Baby)💙(Lala et au contraire je restais de marbre, sérieux et froid en pleine hilarité générale ! Nous vivons chacun côte à côte à des époques différentes.

       

          Sauf une fois : avec quelqu'un qui restait toujours à l'écart et semblait regarder chacun de nous avec l'oeil désabusé d'un entomologiste à la vue d'une catégorie d'insectes nuisibles qu'il ne connaissait déjà que trop. Juste à coté, de grandes photographies étaient étalées sur une table et comme je m'en approchais pour les regarder il me dit : "Regardez tant que vous voulez mais cela m'étonnerait qu'elles vous intéressent. Il se trompait. Ces photos de hangars désaffectés, de friches industrielles désertées vaincues par la rouille, d'aciéries éteintes d'un rouge noirci, tous ces lieux devenus sans vie reflétaient singulièrement l'image vraie sensible et sans artifice de l'être humain. Ces photos issues d'endroits particuliers touchaient à l'universel et portaient toutes la marque de quelqu'un qui savait voir alors que tant d'autres ne se contentent que de regarder ou d'observer.

          Tout en savourant une 7ème moitié de petit gâteau rond à la vanille offert par Dirce, que je ne reconnus pas tout de suite comme étant des pastéis de nata, j'emmenai Dirce vers un immense canapé rouge flamboyant car, ayant bu un verre de Caipirinha de trop (il en suffit toujours que d'un seul ! :D) elle titubait pendue à mon bras de tout son poids et semblait soudain avoir vraiment perdu tout contact avec le réel car elle ne cessait de me répéter que j'étais le garçon le plus sympathique le plus étonnant de toutes les soirées auxquelles elle avait participé ! Heureusement Tenebræ arriva juste à temps avant que Dirce ne se soit completely dévêtue devant moi.

          Si dans les quelques secondes qui allaient suivre j'allais tout bonnement vivre l'inoubliable, je ne le savais alors pas encore ~~ évidemment et n'y étais (bien sûr) pas du tout préparé. Oui oui ! Je sais : Vous, vous avez traversé l'Everest à la nage, construit un meuble Ikea sur le dos d'un alligator, couru Indianapolis en skate en sens inverse, fait sponsoriser votre page Facebook par Frizz Dismiss... Stoooooop ! Moi je vais être face à l'impensable : l'unique frisson qui vaille, le seul qui électrise l'échine de haut en bas puis de bas en haut :

 

                                                                                              Je vais danser avec Tenebræ !

         Ses mains fraîches immobiles un moment derrière mon cou s'en vont glisser lentement le long de mon dos jusqu'en bas puis remontent ensuite en l'escaladant cette fois du bout des doigts, son regard collé au mien et les battements de son coeur cognant si fort tout contre ma poitrine les lentes ondulations évadées de sa taille entre mes mains. Noués l'un à l'autre nous ne savons plus qui de Nou2 se noie dans l'océan de l'autre. Oui ! Mon Coeur ! Je coule et laisse glisser ma joie le long de ses cheveux : Elle seule devine déjà que je ferme les yeux.

          Les derniers invités s'en allaient et, voyant que Dirce m'attendait pour partir, je me tournais vers Tenebræ debout au milieu de la pièce toute jonchée de bouteilles, de verres plus ou moins vides, de coussins, de confettis, de serviettes en papier, de plats à petits fours et de corbeilles encore pleines de fruits et je lui dis en essayant de garder un sérieux irréprochable "Bon bein salut, moi je file je suis pressé !" puis je fis exprès quelques pas vers la sortie. D'une voix rauque et tendue Tenebræ dit seulement : °°hÅ bºÑ ¿?¿ Čœmmë čª ¿?¿¡!¡°° je revins vers Elle et en la regardant droit dans ses yeux humides : je lui dis lentement avec une feinte  indifférence : "...Parce que ?... -----Ya une autre---------sortie ????". Tenebræ arqua davantage encore ses sourcils froncés et resta immobile à scruter un très long moment la véracité de mon regard puis soudain Tenebræ tomba dans mes bras radieuse :

                                                                          °° mÅïs Kë tÜ eS bēætė tÔÔä ¡!¡ 💋⚡️ ❤️  kë tÜ eS bēætė ¡!¡°

Chez  Tenebræ

bottom of page